La photographie naturiste existe-t-elle ?

France, 1920-1960

Is There Such a Thing as Naturist Photography? France, 1920-1960

DOI : 10.54390/photographica.1154

p. 102-123

Résumés

Afin d’encourager la pratique du naturisme en France, dans les années 1920, les diverses publications du mouvement ont eu recours à l’image. Il fallut cependant attendre quelques années pour qu’une photographie de naturistes, par des naturistes, destinée à des naturistes, trouve un développement conséquent. Mais le mode de production et la vocation de ces images changèrent considérablement aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, alors que le nombre de photographies prises en contexte naturiste allait croissant avec l’essor de la presse illustrée, qui trouvait plutôt dans le naturisme un alibi pour présenter des femmes nues. Cette histoire, assez singulière, interroge les relations entre modèles, auteurs et public, relations qui relèvent de constructions tant économiques et sociales qu’esthétiques.

In order to encourage the practice of naturism in France, during the 1920s, the various publications of the movement have relied on images. However, it took a few years for naturist photography – by naturists, intended for naturists – to consequently develop in France. But in the aftermath of the World War II, with the rise of the popular illustrated press, a significant number of photographs taken in a naturist context increasingly rather used naturism an alibi to showcase naked women; consequently, the mode of production and the intent of these images considerably shifted. This situated history raises issues about the relationships between models, authors, and audiences; relationships that proceeded from economic and social constructs, as well as aesthetic ones.

Index

Mots-clés

censure, corps, danse, femmes, photographie, naturisme, nudisme, sexualisation, sport

Keywords

body, censorship, dance, photography, naturism, nudism, sport, sexualization, women

Plan

Texte

Quand le mouvement naturiste connut ses premiers développements d’importance en France, au cours de la seconde moitié des années 1920, les publications et magazines1 chargés de promouvoir ce nouveau mode de vie eurent recours à l’image, dans le but de conforter les premiers adeptes et d’en recruter de nouveaux. Il s’agissait de « prêcher par l’exemple2 », en montrant des naturistes en pleine activité.

Le naturisme, qui se donnait pour mission d’assurer la régénérescence tant physique que morale d’une population considérée comme victime de la civilisation artificielle des villes, prônait le respect de diverses prescriptions hygiénistes qui impliquaient le végétarisme, l’interdiction de l’alcool, la pratique du sport et de la gymnastique. Au sein d’associations comme la Société naturiste, fondée en 1927 par André et Gaston Durville, et les sections de la ligue Vivre, animée par Marcel Kienné de Mongeot, les activités de plein air étaient conduites par des adeptes nus. Il s’agissait non seulement de bénéficier des vertus roboratives de l’air, de l’eau et du soleil, mais aussi de retrouver un état débarrassé des préjugés contraires à l’épanouissement naturel de l’individu.

Or, la pratique de la nudité en commun – nouvelle en France – était alors sans images. La tradition du nu photographique dans la nature, qui devait en grande partie son esthétique à la veine picturale néoclassique et académique, offrit un premier modèle, avant que les images produites en Allemagne par la Freikörperkultur (la libre-culture du corps humain) en offrent un autre. Les échanges ont en effet été réguliers avec les clubs naturistes allemands, du moins jusqu’à ce que les nazis ne les ferment sous différents prétextes, à partir de 19333. Mais une esthétique académique qui déréalisait les corps en les habillant de conventions artistiques ne pouvait produire l’effet de vérité attendu dans une publication naturiste, tandis que le sentiment anti-allemand très présent dans la population après la Grande Guerre pouvait desservir la cause.

C’est ainsi que des directeurs et rédacteurs des magazines – zélateurs du naturisme –, les photographes de ces nouveaux comportements et des pratiquants qui incarnaient la doctrine inventèrent conjointement un nouveau genre de nu pour le public français. Leurs situations étaient variables. Les modèles, hommes ou femmes, figuraient intégralement nus ou non, étaient membres d’une association naturiste ou non, rémunérés ou non, évoluant dans un jardin privé, un club naturiste ou un simple coin de nature. Les photographes pouvaient être simples amateurs ou photoreporters, mandatés par un éditeur ou indépendants. Les rédactions des magazines ont fait preuve de convictions plus ou moins affirmées, en particulier après la guerre. Si bien que la diversité de ces situations pose la question de l’« authenticité » de ces images, situées entre photographie de modèles nus dans la nature, photographie de naturistes et « photographie naturiste ».

Ce dernier terme laisse entendre qu’il existerait une photographie spécifique au naturisme, tant dans son sujet et son esthétique que dans ses intentions, son mode de production et sa diffusion – soit une photographie qui présenterait des naturistes, saisis dans des activités naturistes, par un photographe naturiste, et serait destinée à un public naturiste. La question devint récurrente aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, quand le naturisme prit l’ampleur d’un fait de société. Or, interroger aujourd’hui cette authenticité permet de s’attacher plus largement aux relations qu’entretiennent les différents acteurs de la photographie naturiste ; relations sociales, économiques, sexuelles, voire politiques, qui situent ces images au-delà de leur finalité propagandiste affichée.

Un mouvement réformateur

Parmi les très nombreuses publications naturistes des années 1920, deux magazines, Naturisme et Vivre eurent abondamment recours aux illustrations aussi bien dessinées que photographiques.

Les frères Durville, qui depuis 1922 publiaient La Vie saine devenue en 1924 La Vie sage. Revue de naturisme, créèrent Naturisme, le grand hebdomadaire de la culture humaine en 1930. Cette publication assura jusqu’en 1939 la promotion de leurs « réalisations » : le domaine de Physiopolis pensé comme une « cité de Nature » sur l’île du Platais à Villennes-sur-Seine, en banlieue parisienne, en 1928 ; puis Héliopolis installé comme colonie naturiste – « cité de vacances » – sur l’île du Levant en 1932. Naturisme était diffusé chez tous les marchands de journaux, tiré à 50 000 exemplaires4, sur papier journal, dans un grand format et avec une qualité d’impression médiocre. Les petites annonces matrimoniales permettent de situer socialement son lectorat : des fonctionnaires, des employés, des artisans, d’anciens militaires, à la recherche d’une moitié naturiste.

Le magazine dirigé par Kienné de Mongeot, sous le titre Vivre en 1926, puis Vivre intégralement l’année suivante pour devenir Vivre d’abord ! en 19395, faisait figure de concurrent en promouvant l’action des sections de la ligue Vivre, implantées à Lyon, Strasbourg, Nice, Marseille, Toulon, Bordeaux, dans le Gard, mais aussi à Alger6, et celle de petits groupes à Tunis, Casablanca, Oran. Le Sparta-club, qui occupa successivement le château de Garambouville dans l’Eure (1928), le Douaire près de Gaillon (1929-1931), puis le manoir Jan à Fontenay-Saint-Père près de Mantes (1933-1943), faisait office de club parisien. Adressé aux adhérents, sous pli fermé – ce qui lui épargna la censure –, Vivre passa de 10 000 exemplaires en 1927 à 25 000 en 19297. Son comité d’honneur, composé d’artistes, médecins, professeurs d’université, officiers de marine, appartenait à la bourgeoisie intellectuelle.

Kienné de Mongeot comme les Durville conduisaient des activités commerciales liées au naturisme. Le premier, fils de banquier, avait ouvert une Académie de culture intégrale près du parc Monceau où « l’obésité, l’insuffisance respiratoire et musculaire8 » étaient traitées par des exercices gymniques. Les seconds, titulaires d’un doctorat de médecine, recevaient, dans leur Institut naturiste du 16e arrondissement, une clientèle bourgeoise qui se voyait prescrire des bilans radiologiques et des analyses chimique et bactériologique pour être soignée sans médicament. Ils avaient aussi développé, sous la marque Madolin, la vente de produits alimentaires naturistes au 172 rue Marcadet à Paris. Naturisme comme Vivre faisaient respectivement publicité de ces activités lucratives, des nombreuses publications de leurs directeurs et, pour le premier, des ventes de terrains à Physiopolis puis à Héliopolis à destination des naturistes qui, « touchés par la crise des affaires », souhaitaient faire « un placement rémunérateur de leurs disponibilités9 ».

Les conceptions des Durville, formulées le plus souvent par Gaston, et celles de Kienné de Mongeot se rejoignaient sur de nombreux points. Pour introduire leur ouvrage, Fais ton corps (1936), les premiers décrivaient leur rêve : « À l’île des Naturistes [...] c’est la beauté, c’est la santé, c’est la paix. Les gens sont nus, les peaux sont de bronze, les dos sont larges. Des groupes disciplinés d’hommes, de femmes, d’enfants, tous beaux, tous forts, travaillent leurs muscles en chantant l’hymne à la nature. [...] À l’œuvre pour fabriquer des hommes10 ! » Kienné de Mongeot entendait, quant à lui, contribuer « à l’assainissement de la race en entrant courageusement en lutte contre les préjugés, les plaisirs malsains, l’insouciance, le laisser-aller, la mollesse11 ». Il voyait dans l’hygiène nudiste, à la fois physique et mentale, le moyen de faire de « notre être spirituel un ensemble équilibré sain et fort12 », à l’image « du jeune citoyen grec qui cultivait son corps et son esprit dans le désir de se rendre semblable à ses dieux13 ».

Or ce culte du beau, aux fins de régénérescence, était alors partagé par les régimes totalitaires de l’époque. Ainsi Gaston Durville qui, dans un article de 1933 intitulé « Quelques idées de Mussolini sur l’amélioration des esprits et des corps », déplorait le manque d’engagement des autorités françaises dans la mise en œuvre de ses idées, vantait « la promotion d’une nouvelle culture humaine en Allemagne, en Russie soviétique, en Tchécoslovaquie, en Autriche, en Italie » où « le culte du muscle, en nudité subtotale, rénové de l’antiquité, reprend la place qu’il n’aurait jamais dû perdre14 ». De même, Kienné de Mongeot, dans un compte rendu d’une conférence donnée à Vienne en 1939 par un représentant autrichien de l’Association pour le développement du corps, citait un passage de Mein Kampf où est établi que « si la beauté du corps n’était pas retardée par une mode indolente, alors la séduction de centaines de mille de jeunes filles par des… bancals ne serait pas possible15 ».

Toutefois, en remplaçant le mot « juif » par des points de suspension, Kienné de Mongeot entendait se démarquer de l’hygiène raciale du IIIe Reich. Il précisait ainsi en note que « si Hitler est nudiste, nous ne sommes pas racistes16 », rejoignant par-là Gaston Durville qui donnait comme condition à la justesse de son propos d’« effacer le mot fasciste17 ». C’est que la « régénérescence de la race » – soit de la population dans son ensemble – n’était pas, pour Kienné de Mongeot comme pour les Durville, de l’ordre de l’essence d’une nation définie selon des critères raciaux, mais le fait de l’action raisonnée de chacun.

Kienné de Mongeot, qui évoluait dans la mouvance du Parti radical18, défendait un naturisme apolitique et ouvert à tous : « Riches et pauvres, communistes et réactionnaires, chrétiens et athées sont assurés de trouver auprès de chacun de nous la plus grande bienveillance19. » Ainsi la ligue Vivre eut comme vice-président François Fougerat de David de Lastours, un catholique lyonnais réactionnaire qui publia dans Vivre ses photographies de nus pour illustrer ses articles sur « les bienfaits de l’insolation20 », quand le publiciste anarchiste Charles-Auguste Bontemps devint secrétaire à la propagande et rédacteur en chef de la revue en 1929. La complaisance du premier pour les idées extrêmes conduisit Kienné de Mongeot à l’écarter en 1929, tandis que le second qui considérait la ligue Vivre comme trop bourgeoise la quitta en 1933.

Nudité totale ou subtotale ?

Cependant, les conceptions des Durville et de Kienné de Mongeot ont rapidement divergé sur un point.

Si, en mai 1929, Gaston Durville défendit devant le public de Physiopolis – « plus ou moins déshabillé » selon ses termes – le projet d’ouvrir une « section de nu intégral », avec comme argument une photographie de la plus jeune des filles de Paul Zimmermann – directeur du parc de Körperkultur de Klingberg, près de Lübeck –, en plein « exercice de nudité21 », il se rétracta dès lors que la préfecture de police – sollicitée pour une autorisation – opposa un refus catégorique, en arguant qu’elle ne laisserait jamais le nudisme s’implanter en France22. Par la suite, La Vie sage publia en conséquence un règlement des plus scrupuleux : « Dans les endroits accessibles à la vue, la tenue minimum autorisée comprend un slip couvrant les parties sexuelles et les fesses, ainsi qu’un cache-seins pour les femmes23. » Les mêmes règles s’appliquèrent à lîle du Levant, où fut, malgré tout, trouvée une parade, avec le port du « minimum » – abréviation de slip minimum – composé d’un simple triangle de toile et d’une seule ou deux ficelles. Cette tenue pouvait, au regard de la loi comme des arrêtés municipaux, passer pour indécente ; mais le maire de la ville d’Hyères, qui avait autorité sur l’île, se montra tolérant.

Gaston Durville laissa ainsi entendre qu’être nu pouvait consister à ne pas être totalement nu, en défendant une nudité qu’il qualifia de « subtotale » ou « relative » ; ce qui conduisit Kienné de Mongeot qui faisait du nudisme la pierre angulaire de son naturisme à conclure qu’« un simple cache-sexe sépare Naturisme de Vivre intégralement24 ». Invité, en juillet 1930, à défendre son point de vue dans Naturisme, il arguait : « La nudité intégrale est asexuelle, elle est libératrice, elle est apaisante, elle est morale25. »

Ainsi, quand Vivre se faisait un point d’honneur à publier des nudités intégrales sans retouche, Naturisme les bannissait. Et comme les leaders du mouvement naturiste se méfiaient du mésusage que la presse illustrée aurait pu faire des images d’adeptes évoluant dans leurs centres, les rédactions se réservèrent jalousement leurs clichés. Les prises de vue ne pouvant s’effectuer qu’avec l’autorisation de la direction et l’assentiment des modèles, les centres naturistes ne se prêtèrent guère à l’intrusion de photographes étrangers au mouvement. Le reportage de Miroir du monde en 193226 et celui que Match publia sur quatre pages en août 193927, et où l’on voit les Levantins vaquant à leurs occupations en tenue minimum, restent une exception. En revanche, Physiopolis fit l’objet, en 1929, d’un reportage filmé de Pathé-New-York [Fig. 1] ; et les Durville montrèrent ultérieurement un intérêt particulier pour le cinéma comme outil de propagande si bien qu’Héliopolis donna lieu à quelques séquences – qui ne furent cependant pas exploitées.

Fig. 1 La Vie sage, revue de naturisme, 7e année, no 88, 10 novembre 1929, couverture : photographe anonyme, « Par un beau dimanche, chez les naturistes, à Villennes ». Offset, 28 × 25,5 cm.

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Le modèle esthétique

Conformément aux prescriptions des frères Durville, Naturisme ne publia pas de photographies, ni même de dessins, de nus intégraux – à quelques rares exceptions près. À Louis Mery, qui était aussi peintre et photographe et avait été directeur de la photographie de La Vie sage, succéda Pierre Audebert. Ancien linotypiste, secrétaire général de Naturisme, responsable de la mise en page et rédacteur de la rubrique « Bruits et Potins », qu’il tenait avec une certaine causticité, celui-ci alimenta le magazine de ses photographies28 [Fig. 2], avec ses proches comme modèles. Le buste sculptural de sa femme Léontine – « modiste naturiste » à Paris, comme l’indique une publicité du journal –, pris dans un cache-seins taillé dans un filet noué, orne ainsi la couverture de son Guide illustré de l’île du Levant de 1938 [Fig. 3].

Fig. 2 Naturisme, 15e année, no 402, 1er août 1937, couverture : Pierre Audebert, « Rêverie sur le sable blond ». Offset, 37 × 27 cm.

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Fig. 3 Guide illustré de l’île du Levant avec [...] quarante photographies de Pierre Audebert, Paris, Naturisme, 1938, couverture. Offset, 27 × 18 cm.

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Documentation F. Capoulade.

Dans Naturisme, Physiopolis est souvent présenté avec son alignement de tentes en fibrociment autour du stade central. Chacun vaque à ses occupations, en slip et cache-seins : travaux d’aménagement collectifs, repas en famille, concours de course à pied, séances de gymnastique, fête du Soleil de 1932. On y voit Gaston et André Durville, la danseuse Karla Suschitzky, le danseur de l’Opéra Yves Brieux-Ustaritz et sa partenaire Geneviève Ione qui y donnent des cours de gymnastique rythmique. Avec Héliopolis, Naturisme se fit le journal de cette petite communauté de « colons », dans un univers rustique entre Walden ou la vie dans les bois et Robinson suisse, avec son boulanger et sa boulangère, son sandalier, sa secrétaire de l’Agence officielle des arbousiers, etc. ; tous en slip.

Vivre publie son premier nu intégral le 15 juin 1926 [Fig. 4]. La danseuse Mona Païva de l’Opéra-Comique, en pied, de profil, encadrée par deux colonnes du Parthénon, illustre l’article « Arts et sports. La danse et la culture intégrale » signé de Kienné de Mongeot qui voyait dans ce spectacle « un rayonnement de beauté pure29 ». Le numéro suivant du 15 juillet 1926 présente en couverture une « étude de danse » du danseur François Malkovsky [Fig. 5]. Pourvu d’un simple cache-sexe, à l’image des modèles pour peintre, de profil, bras en avant et dos courbé, il symbolisait « La mer ».

Fig. 4 Vivre, no 4, 15 juin 1926, p. 5 : Elli Souyoultzoglou-Seraidari, dite Nelly’s, « Mlle Mona Païva dansant devant le Parthénon », 1925. Offset, 30 × 24 cm.

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Fig. 5 Vivre, no 5, 15 juillet 1926, couverture : photographe anonyme, « Malkowsky : La mer ». Offset, 30 × 24 cm.

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La photographie de Mona Païva n’était pas initialement destinée à illustrer le naturisme, comme l’atteste sa reproduction dans L’Illustration de novembre 1925. Elle avait été prise en octobre 1925 par la photographe grecque d’origine turque, Elli Souyoultzoglou-Seraidari, dite Nelly’s. Cadrée en médaillon dans L’Illustration, elle accompagne une autre image de la danseuse en tunique, reproduite pleine page : « Le soleil étant radieux ce jour-là, la vue splendide, Melle Mona Païva apparut habillée de voiles. Soudain, elle rejeta ses voiles et dansa entièrement nue pour le plus grand plaisir des spectateurs en petit nombre30. » La photographie de Malkovsky appartenait, quant à elle, à une suite de figures de danse présentées dans le même numéro de Vivre. Les prestations de ces artistes, qui se réclamaient tous deux de la danseuse Isadora Duncan, relevaient de la danse libre initiée au début du siècle dans la communauté naturiste de Monte Verità, en Suisse. Ainsi, les premières images de nus parues en France dans un contexte éditorial naturiste renvoient au domaine de la danse – un art qui joint corps en mouvement et esthétique. À une époque où le comportement nudiste n’allait pas de soi, l’art pouvait le légitimer.

Par la suite, Vivre puisa dans les albums photographiques de Marcel Meys et de Georges-Louis Arlaud, deux spécialistes des académies de nus dans le paysage. Le premier avait commencé une carrière de peintre et avait été primé au Salon de 1882, avant de se consacrer à la photographie artistique vers 191031. Le second, photographe de la bonne société lyonnaise, eut un certain succès avec ses Vingt études de nus dans la nature prises en Provence – en particulier dans les paysages pittoresques des Baux-de-Provence –, parues en 1920 avec une préface de Saint-Pol-Roux.

Les pratiquant(e)s se font modèles

Ces images s’avéraient si peu représentatives des pratiques naturistes que Vivre se tourna vers celles de la libre-culture allemande. Kienné de Mongeot qui, en août 1926, avait assisté, dans les locaux de l’Alliance cinématographique européenne du film à Paris, à la projection de Force et beauté réalisé par Nicholas Kaufman et Wilhelm Prager en 1925, en était revenu enthousiaste : « voilà la vie naturelle, faite de vérité, d’harmonie, de joie, de santé et de beauté32 ». Si bien que des images tirées de ce film firent plusieurs couvertures de Vivre et illustrèrent ses pages en 1926-1927 : des hommes et des femmes, entièrement nus en plein air, et aux silhouettes élancées et athlétiques, y composent des figures tant sportives que dansées avec des gestes déliés et une symétrie de postures qui évoquent explicitement les décors de vases grecs [Fig. 6].

Fig. 6 Vivre, no 6, 15 août 1926, couverture : Helmy Hurt / UFA, « Le matin », photographie de tournage du film documentaire Wege zu Kraft und Schönheit [Force et beauté] (Nicholas Kaufmann et Wilhelm Prager, Allemagne, UFA, 1925), 1925. Offset, 23 × 18,5 cm.

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En France, faute de centres organisés, la pratique du nudisme était alors individuelle ou en petits comités. C’est pourquoi, afin d’encourager le mouvement, les ligueurs et ligueuses, disposés à se faire photographier en « tenue de gymnité intégrale », proposèrent leur image à la rubrique réservée à l’expression des lecteurs : « Quelles sont vos opinions, vos idées ». On y voit madame Y qui saute à la corde dans un coin de son jardin, à l’abri des regards derrière le garage, afin de prouver « qu’il est toujours facile d’être absolument nue, non seulement à la montagne ou à la mer, mais même tous les jours chez soi33 ». Son courrier précise qu’elle autorise Vivre « à publier ces clichés, si vous le jugez utile, pour renforcer votre propagande à l’action34 ».

D’autres images suivirent, prises dans un coin de verdure, sur des rochers ou des plages isolés, et dans des salles de sport. L’éditorial de février 1928 – « Le naturisme n’est pas et ne doit pas être un monopole » – qui s’insurge contre le sectarisme d’autres sociétés naturistes opposées au nudisme, est illustré par une image avec pour légende : « L’attitude de Melle Jeanne Boselle devrait, par sa saine franchise, servir d’exemple à toutes les femmes éprises d’idéal et de beauté35 ». La couverture du 15 juin 1928 présente « une jeune et gracieuse lectrice [...] qui prêche par l’exemple en faveur de nos doctrines de vie saine36 » en se contorsionnant, nue dans son jardin. Cette lectrice est reconnaissable, plus loin, sur deux clichés de la rubrique réservée aux lecteurs qui précise que cette « Mme Dardenne, ligueuse, fait de la culture physique au soleil et se livre à des travaux de jardinage qui doivent être compris dans le programme du véritable naturiste37 ». Sur l’un, elle est nue sur sa pelouse, en équilibre sur une jambe, et sur l’autre avec une fourche-bêche en main, dans son potager. L’éditorial du même numéro, « De la tyrannie des perversions », présente « M. Cabane, un de nos très sympathiques ligueurs, dans une attitude où l’ampleur du mouvement et la puissance musculaire évoquent les gestes des grands athlètes ou ceux des antiques gladiateurs38 ». Autre exemple, en avril de la même année, toujours dans les pages réservées aux lecteurs : « M. et Mme B. photographiés sur la Côte d’Azur, témoignent de leur courage de se livrer au “nu” avant d’être en forme musculaire39. »

Se dévoiler autant, en livrant directement son identité, n’était pas anodin, alors que le nudisme rencontrait non seulement la condamnation des ligues de vertu, mais pouvait tomber sous le coup de l’article 330 du code pénal et conduire au tribunal pour outrage public à la pudeur. Ses adeptes devaient se faire discrets avec des tactiques qui, pendant un temps, relevaient d’une activité clandestine40, dont la photographie donnait, après coup, la preuve.

Ces clichés étant en nombre restreint et de qualité médiocre, Vivre intégralement piocha ensuite massivement dans les publications allemandes devenues pléthoriques : Lachendes Leben, Den Frein die Welt !, Die Freude, Der Mensch und Sonne. Parallèlement, Louis-Charles Royer, auteur de romans érotiques, et Roger Salardenne, journaliste au Canard enchaîné, publièrent en 1929 les récits de leurs visites dans les centres naturistes allemands, respectivement Au pays des hommes nus illustré de photographies des associations de Zimmermann et Adolf Koch, et Le culte de la nudité. Sensationnel reportage en Allemagne. L’année suivante parurent, avec des images prises en France, Nudisme. Pourquoi. Comment de Charles-Auguste Bontemps et La chair au soleil de Renée Dunan.

Un nouveau genre de nu

Les images françaises avaient alors gagné en qualité et en nombre, et les clichés furent crédités : Henry Manuel, membre de la ligue Vivre ; M. Pinguet, secrétaire de la Société des naturistes de Provence ; le journaliste Robert Charroux (alias Georges Grugeau) et Malkowsky qui photographia ses élèves dans le parc du Sparta-club ouvert en 1928. L’Association culturiste des amis de Vivre d’Alger fut une grande pourvoyeuse d’images [Fig. 7] sous la direction de son président, Arsène Rozée, ancien consul et avocat de la cour d’appel, dont la photographie illustre son article sur la « Libre-culture stoïcienne41 » : il y lit le journal en gymnité intégrale, assis dans un transat, avec sa femme et ses deux fillettes, toutes aussi nues, debout en arrière-plan.

Fig. 7 Vivre intégralement, no 2 spécial, avril-mai-juin 1933, p. 11 : photographes anonymes, « En haut à gauche, un ami de Vivre réalisant isolément ; à droite, dans le centre de Marisol (A. de V.) de Barcelone ; au-dessous, la balle humaine à l’Association culturiste d’Alger ; en bas, à gauche, le camp des naturistes d’Auvergne (A. de V.) ; à droite, une amie de Vivre du groupe de Casablanca ». Offset, 23 × 18,5 cm.

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Mais les poses de plus en plus franches et sexuées valurent à Vivre-santé d’être poursuivi par le parquet de Liège pour l’image de « trois jeunes filles [de la Ligue gymnique de la Côte d’Azur] saines, belles et souriantes42 », et frontalement nues en couverture du numéro de janvier 1936 [Fig. 8] ; la législation belge étant manifestement moins tolérante que celle de France. Vivre, qui en 1929 s’était vu interdire par la préfecture de Paris l’exposition en kiosque, ne fut en effet jamais poursuivie pour être « illustrée sincèrement, sans maquillage de nus intégraux43 », tant qu’était respectée l’indication portée en couverture à partir de 1933 : « Cette revue, réservée aux adeptes du mouvement Vivre, ne peut être ni exposée ni mise en vente. »

Fig. 8 Vivre-santé, supplément littéraire, 11e année, no 189 bis, 15 janvier 1936, couverture : Ligue gymnique de la Côte d’Azur, « Trois jeunes filles, saines, belles et souriantes ». Offset, 30 × 24 cm.

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De fait, les libres-culturistes transgressaient délibérément la morale bourgeoise de l’époque. Bontemps voyait dans la libre-culture une opposition à « l’archaïque tabou sexuel44 », « préjugé du sexe, auquel [...] s’attache une idée de honte toute spéciale que des esprits libres doivent nettement rejeter45 ». C’est ainsi que ces images, par la franchise des regards et la gestuelle ouverte des corps, indiquent ce que la doctrine ne pouvait énoncer : que le plaisir d’être nu se double du plaisir de se montrer nu [Fig. 9]. Pour reprendre la distinction établie par l’historien de l’art Kenneth Clark46, le nu (nude) des conventions artistiques a non seulement laissé place à l’état de nudité (naked), mais cette nudité n’était pas gommée par des performances collectives de gymnastes comme dans les photographies allemandes. Les naturistes français se montraient simplement se délassant sans pudeur.

Fig. 9 Vivre intégralement, no 2 spécial, avril-mai-juin 1933, p. 8 : photographe anonyme, « Le centre du Sparta-club au Manoir Jan ». Offset, 24,5 × 20 cm.

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Cette provocation relevait donc aussi de la revendication, et sur ce point le statut des images des hommes et des femmes n’étaient pas symétriques, tant le contrôle social sur les corps masculins était moindre. Les femmes qui pratiquaient « le nudisme en commun, sexes mêlés47 » prenaient la liberté de s’adonner à des jeux de plein air mixtes. Une liberté qu’elles ont affirmée, en se faisant photographier ; revendiquant, par-là, d’être vue nues. Tel fut le pouvoir de la photographie naturiste.

Cette liberté eut cependant ses limites, puisqu’elle fut manifestement réservée aux physiques jeunes et équilibrés, loin des « ventres mous » des hommes et des silhouettes callipyges des femmes dont Gaston Durville avait la hantise. Les anatomies qui n’étaient pas « exemplaires » sont en conséquence restées invisibles, perdues dans quelques vues de groupes ou en arrière-plan.

Naturiste ou pin-up ?

Après une interruption de ses activités sous l’Occupation, le mouvement naturiste trouva, pendant la période dite des Trente Glorieuses, des développements conséquents avec l’expansion d’un tourisme de masse, la mobilité des visiteurs étrangers accrue par l’usage de l’automobile et un désir de liberté après les privations de la guerre. Les centres se multiplièrent : à Montalivet sur la côte aquitaine (1950), au cap d’Agde (1956), à Villata près de Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio (1958), dans les gorges de l’Ardèche, etc. À partir de 1948, Alfred Lecocq, fondateur en 1946 des clubs du Soleil, parvint à réunir progressivement la plupart des chapelles naturistes sous l’égide de la Fédération française de naturisme (FFN) qui devint l’interlocutrice privilégiée des mairies et de l’État – sans que le naturisme perde en diversité, dans sa pratique comme dans son expression.

Le magazine Vivre d’abord !, qui parut jusqu’en 1962, resta à l’écart de ce regroupement, contrairement à certaines sections de la ligue Vivre qui y adhérèrent. Maintenant luxueusement imprimé en héliogravure, se voulant une « revue d’art », Vivre d’abord ! faisait, malgré tout, face à une pénurie de clichés de qualité pris en France. Kienné de Mongeot, prenant ses distances avec la libre-culture allemande après les années d’Occupation, se référa à la gymnosophie – de gymnosophe : « sage nu » –, son équivalent anglais, et se tourna vers des fonds photographiques d’Outre-Manche.

Mais ces images de femmes nues prises, pour certaines, dans les clubs anglais, en particulier par le photographe Colin R. Clark, étaient autant destinées au magazine naturiste Heath and Efficiency qu’à la presse illustrée britannique48. Cette dualité suscita un débat quand Vivre d’abord ! montra, en juillet-août 1949, une image de Miss Jane prise au Spielplatz – club londonien fondé en 1927. Comme cette jeune femme posait aussi pour les strip cartoons du Daily Mirror et que, de surcroît, la légende précise qu’elle « a le pubis rasé, selon l’obédience des clubs gymniques anglais », les esprits s’échauffèrent sur l’authenticité tant de la gymnité du modèle que de la coutume pilaire supposée des naturistes britanniques – le rasage du pubis étant aussi l’apanage des modèles professionnels, afin de limiter l’ampleur de la retouche avant publication.

La pin-up pointa ainsi sous la naturiste à un moment où la presse illustrée, les dessins humoristiques, les revues de cabaret et des films faisaient du nudisme leur marronnier, et émoustillaient leur public avec leurs « reportages » chez les naturistes. Les photographies étaient prises, pour beaucoup, par des photoreporters professionnels qui offraient leurs clichés à la fois aux magazines illustrés et à la presse naturiste.

Serge de Sazo (alias Serge Sazonoff) en fut l’un des plus prolixes, publiant ses photographies prises à l’île du Levant dans Naturisme des éditions Hélios, Vivre d’abord !, La Vie au soleil, L’ADIL (le journal des Amis de l’île du Levant), mais aussi V magazine, un hebdomadaire illustré fondé à Marseille à la Libération, et les magazines érotiques Paris-sex-appeal, Enquêtes et Paris-Hollywood. Avec ses photographies au succès planétaire de la libération de Paris – des premiers combats à l’Hôtel de Ville à l’humiliation des femmes tondues, puis l’arrivée du général de Gaulle à l’Arc de Triomphe –, De Sazo avait acquis une certaine réputation. En 1946, il fit partie des quinze photographes qui couvrirent le festival de Cannes et il réalisa des reportages auprès des concours des miss de la Côte d’Azur et de culturistes.

En 1948, il publia les premiers nus intégraux en extérieur de Paris-Hollywood : « En plein Paris à quelques mètres du tumulte de la rue49 », sur un toit-terrasse, deux danseuses du Casino de Paris jouent avec un tuyau d’arrosage. Paris-Hollywood, fondé en 1946 afin de promouvoir les films des majors américaines, avait été alors pris en main par une équipe hexagonale qui entendait faire de la franchise du nu intégral une spécialité bien française, face au voile « puritain » des pin-up américaines. Avec les entrejambes de ses modèles réduits, par la retouche, à des renflements marmoréens énigmatiques, Paris-Hollywood devint le premier magazine érotique français diffusé en masse.

Bien qu’il ait travaillé pour l’agence Rapho dès 1937, De Sazo assurait lui-même la diffusion de ses clichés naturistes comme en témoigne le tampon à son adresse personnelle porté au dos des tirages de presse. Afin de satisfaire chacun, il prit le plus souvent soin de réaliser deux jeux de clichés, au cours d’une même session : l’un avec des modèles pourvus de minimums, l’autre en nudité intégrale. Quand il fut sollicité en 1950, pour un reportage au Sparta-club – désormais installé au château d’Aigremont dans un vaste parc arboré, à mi-chemin de Poissy et de Saint-Germain-en-Laye –, il fit poser les modèles avec minimum pour Naturisme et intégralement nus pour Vivre d’abord ! [Fig. 10]. Cette stratégie, qu’il adopta régulièrement, lui permit de répondre à la fois aux magazines qui visaient un large public, en leur évitant la retouche, et à la demande de Vivre d’abord ! qui seul, avec Nudisme et beauté, illustré de photographies de Richard Nick, et Nudisme et santé du journaliste et photographe Bob Harvest (alias Robert Hernandez), publiait des nus intégraux sexués, avec un souci avéré de parité.

Fig. 10 La nudité belle et vraie, Aigremont, éditions de Vivre d’abord, 1951, n. p. : Serge de Sazo, « L’activité physique sportive ne cesse, ou presque, d’animer les adeptes de la gymnité intégrale… », [1950]. Héliogravure, 23,5 × 17,5 cm.

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De Sazo était loin d’être le seul à faire de l’île du Levant un studio à ciel ouvert, tant la demande fut importante. Les photographes qui y opéraient avaient des statuts très divers : l’agence Georges Goldner dès 1947, Robert Charroux, Roger Salardenne, Georges Vallée et Louis Tremella de la ligue Vivre, le peintre et photographe Erwin Marton, le photographe ethnographe allemand Herbert Rittlinger, le directeur du journal naturiste suisse Die Neue Zeit Eduard Frankhauser, Bob Harvest pour sa revue et ses livres Je suis un nudiste (1954) et Fantaisie nudiste (1960), le cinéaste Werner Kunzt et le photographe local, auteur de cartes postales de jeunes femmes aux seins nus, M. Serre. Tous ont saisi des saynètes levantines jouées, par deux ou trois modèles. Photographier sans l’accord de ces derniers était interdit et ceux qui y contrevenaient pouvaient voir leur appareil jeté à l’eau.

Le droit d’être regardée

De Sazo fit ses premières photographies naturistes à l’île du Levant au printemps 1948. Deux femmes blondes et une femme brune, nues ou en minimum, posent au milieu des marguerites géantes en fleur, ou perchées sur l’ancien fort qui domine l’île [Fig. 11]. Puis il revint, pendant l’été, et illustra, pour V magazine, un reportage de Charroux50.

Fig. 11 Vivre d’abord !, 24e année, 2e série, cahier no 22, no 353, novembre-décembre 1950, couverture : Serge de Sazo, [L’île du Levant], [1948]. Offset, 30 × 24 cm.

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Il fréquenta ensuite l’île, assidûment, jusqu’en 1959, joignant l’utile à l’agréable en venant en famille et en nudiste – sans se préoccuper d’une quelconque doctrine. Il publia, à ses frais, deux albums de photographies levantines : L’île du Levant. Paradis des naturistes (1952) et L’île aux sirènes (1953), au tirage réduit et au succès mitigé. De Sazo contribua beaucoup à la réputation de l’île, qui devint pour la presse le « Maquis du nudisme51 », la « Mecque des nudistes du monde entier52 », le « Saint-Tropez du naturisme53 », et vit sa fréquentation passer de 1 000 campeurs en 1947 à 20 000 visiteurs en 1950. Elle dut aussi son succès à une population d’artistes et d’écrivains germanopratins : le couple Renaud-Barrault – déjà présents dans les années 1930 –, Michel Simon, Annie Girardot, Christian Dior, Bernard Buffet, Guy Béart, etc.

Pour son premier séjour, De Sazo était venu depuis Paris, accompagné des trois modèles au physique de danseuses. Au printemps 1951, il fit découvrir l’île à Monique Watteau (alias Monique Dubois), peintre surréaliste et écrivain, qui posait aussi en tenue légère pour les couvertures de V magazine54, Paris Life, La Vie parisienne – et dont les photos de ce séjour parurent dans les revues érotiques Enquêtes [Fig. 12] et Paris-Hollywood. Il trouva par la suite ses modèles sur place. Des starlettes et danseuses de music-hall (Crazy Horse, Lido, Bosphore), venues y parfaire leur bronzage intégral, mais aussi des Levantines « de souche » se prêtèrent ainsi à son objectif. Et ceci d’autant plus que, chaque premier dimanche d’août, à partir de 1947, se déroulait l’événement de la saison : l’élection sur la plage de la plus belle naturiste, désignée à mains levées. La prise de vue photographique, interdite à cette occasion, était possible une fois que la lauréate et ses dauphines avaient remis leur minimum.

Fig. 12 Enquêtes, numéro spécial : « Coquin de printemps », no 11, avril 1953, couverture : Serge de Sazo, « Monique Watteau », [1951]. Offset imprimé en quadrichromie, à partir d’un négatif gélatino-argentique monochrome, 19 × 15,5 cm.

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Il ne s’agissait plus seulement pour les Levantines de se montrer nues, mais d’être regardées nues. Elles y étaient encouragées par certaines vedettes de l’île, zélatrices du strip-tease. Rita Renoir (alias Monique Bride-Étivant) [Fig. 13] avait ainsi, à 18 ans, fait l’ouverture du Crazy Horse Saloon, avec un blues sulfureux, avant que la création de La Cage au Sexy, près de la place de l’Étoile, en 1955, ne lui vaille la qualification de « tragédienne du strip-tease ». Rendue célèbre par son strip-tease particulièrement théâtral dans le film à sketchs Dragées au poivre (1963), elle déclarait croire « sincèrement que le strip-tease est un moyen d’expression, une façon de s’affirmer soi-même55 ». Monique Watteau, sollicitée pour une enquête sur le strip-tease organisée par la revue d’André Breton Le Surréalisme, même suite à l’analyse de Roland Barthes dans ses Mythologies –, considérait quant à elle que « la femme aime à être regardée par l’homme » et que « le spectacle de strip-tease est celui du prélude à l’amour56 ».

Fig. 13 La Revue naturiste internationale, no 7, août 1956, couverture : Serge de Sazo, [Rita Renoir]. Offset imprimé en quadrichromie, à partir d’un négatif gélatino-argentique monochrome, 21 × 13,5 cm.

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Documentation de l’auteur.

Toutes deux faisaient sensation au cours des soirées à thème de l’île du Levant. En 1958, Rita Renoir fit une apparition remarquée à celle des « Damnés de l’Enfer57 » de La Caravelle, vêtue d’un simple filet de pêche tenu à la taille par une large ceinture dorée ; quand Monique Watteau, en Proserpine, avait ajusté la sienne sous les seins pour retenir un voile transparent. Ces événements, le plus souvent photographiés par De Sazo, alimentèrent les pages de la Revue naturiste internationale, publiée à partir de 1956 par les Éditions des Jarres d’or sous forme d’un fascicule bon marché, de petit format, facile à manier. Le journaliste-écrivain Jean-Albert Foëx, chantre d’un hédonisme pacifiste qu’il disait inspiré par les « trois G », André Gide, Jean Giono et le Mahatma Gandhi, en était le principal rédacteur. Il se chargea chaque année du numéro spécial Guide de l’île du Levant en chroniquant de 1956 à 1968 les événements marquants de la saison précédente, gratifiant de la couverture chaque jeune « femme de l’été », avec sa photographie – retouchée si elle était trop dévêtue.

Ainsi, en ces « années Brigitte Bardot », qui sont aussi celles d’une certaine émancipation de la jeunesse, la liberté d’être vue des années 1920 devint le « droit d’être regardée ». Un « droit » dont il était admis qu’il ne pouvait être accordé qu’aux femmes, comme le souligne Monique Watteau pour qui « la proposition “l’homme aime regarder la femme” n’est pas réversible58 », établissant que le corps féminin est soumis au désir masculin. Il va sans dire que les photographies d’hommes nus se firent désormais rares, de même qu’il n’y eut pas de photographe femme.

Un naturisme authentique

Cependant, au moment où le modèle de la pin-up sexualise les plaisirs balnéaires, la question de l’authenticité de la photographie naturiste est explicitement posée comme celle d’un naturisme conforme à la doctrine initiale. Dans son numéro hors-série consacré aux « belles images naturistes », le magazine Naturisme s’inquiète, dès 1956, de rechercher des témoignages pris sur le vif « par des naturistes [...] dans une ambiance naturiste59 », afin d’assurer la promotion du mouvement avec davantage de véracité.

Mais c’est un autre chapitre de l’histoire des relations entre le naturisme et la photographie qui s’ouvre au début des années 1960. Alors que la couverture du numéro de La Vie au soleil de mai-juin 1964 présente encore une jeune femme qui, sourire aux lèvres et poitrine avenante, descend les douze marches de la boulangerie, cabas et baguettes en main [Fig. 14], la quatrième de couverture montre, perdus au milieu des caravanes du centre héliomarin de Montalivet, deux naturistes de dos et aux anatomies moins photogéniques [Fig. 15]. Cette photographie de l’agence Actualités-Mondial-Photo ne témoigne d’aucune connivence entre le photographe et ses modèles qui deviennent de simples silhouettes saisies dans le décor d’un camping. Le naturisme est en effet en passe de devenir un simple sujet de reportage au moment où d’utopie réformatrice dans les années 1920, puis de libérateur dans les années 1950, il devient un banal loisir balnéaire.

Fig. 14 La Vie au soleil, no 93, mai-juin 1964, couverture : J. T., « La boulangerie de l’île du Levant ». Offset, 27 × 21 cm.

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Fig. 15 La Vie au soleil, no 93, mai-juin 1964, quatrième de couverture : Actualités-Mondial-Photos, « Caravaning Gymnique ». Offset, 27 × 21 cm.

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Documentation de l’auteur. Tous droits réservés.

1 Pour cet article ont été consultés : les fonds de la Bibliothèque nationale de France, les Archives du naturisme initiées par David Lorenté à la

2 Kienné de Mongeot 1928a, couverture.

3 Godefroy 1934.

4 Durville 1932, publicité pour le magazine.

5 Cette revue connut en fait différents titres : Vivre, Culture physique et mentale, hygiène-sport art & sport, (no 1, 15 mars 1926), Vivre int

6 Bontemps 1930, p. 183-184.

7 Annuaire de la presse française et étrangère et du monde politique, 1927, cité par Baubérot 2004, p. 27.

8 Publicité parue sur la quatrième de couverture de Vivre à partir du 15 septembre 1926.

9 Durville 1932, p. 12.

10 Durville et Durville 1936, p. 8-9.

11 Kienné de Mongeot 1926c, p. 9.

12 Kienné de Mongeot 1926d, p. 1.

13 Ibid.

14 Durville 1933, p. 2-3.

15 Kienné de Mongeot 1939, p. 4.

16 Ibid.

17 Durville 1933, p. 2-3.

18 Baubérot 2004, p. 309-328.

19 Kienné de Mongeot 1928c, p. 3.

20 Fougerat de David de Lastours 1927 et 1928.

21 Durville 1929.

22 Harp 2014, p. 26-36.

23 Durville et Durville 1935, p. 11.

24 Kienné de Mongeot 1930, p. 6.

25 Ibid.

26 Maratray 1932.

27 Desplanques 1939, p. 18-22.

28 La partie de son fonds concernant Héliopolis a été présentée du 17 au 26 septembre 2021 à la villa Noailles (Hyères), dans le cadre des Journées

29 Kienné de Mongeot 1926b, p. 5.

30 Baschet 1925, p. 582.

31 Meys 1931.

32 Kienné de Mongeot 1926a, p. 2.

33 Kienné de Mongeot 1927, p. 13.

34 Ibid.

35 Kienné de Mongeot 1928c, p. 3.

36 Kienné de Mongeot 1928a, couverture.

37 Ibid., p. 12.

38 Ibid., p. 3.

39 Kienné de Mongeot 1928b, p. 12.

40 Royer 1929, p. 199.

41 Rozée 1932, p. 7.

42 Kienné de Mongeot 1936a.

43 Ibid.

44 Bontemps 1930, p. 17.

45 Bontemps 1934, p. 1811.

46 Clark 1957.

47 Minxit 1932, n. p.

48 Pollen 2022.

49 De Sazo 1948, n. p.

50 Charroux 1948, p. 2-3.

51 Foëx 1957, n. p.

52 Grunberg 1957, p. 15.

53 Grunberg 1959, p. 3.

54 Quinio et Elmerich 1951.

55 Mazeran 1967.

56 Watteau 1958, p. 64.

57 Foëx 1958, 1959.

58 Watteau 1958, p. 64.

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Notes

1 Pour cet article ont été consultés : les fonds de la Bibliothèque nationale de France, les Archives du naturisme initiées par David Lorenté à la bibliothèque STAPS, du site Lacretelle de l’université Paris-Descartes, la Bibliothèque naturiste en ligne de Bruno Saurez <https://labibliotheque.coeurnaturiste.com>, les documents partagés par Frédéric Capoulade <https://www.iledulevanthodie.fr/>, et les archives photographiques collectées par Jean-Pierre Blanc, directeur de la villa Noailles.

2 Kienné de Mongeot 1928a, couverture.

3 Godefroy 1934.

4 Durville 1932, publicité pour le magazine.

5 Cette revue connut en fait différents titres : Vivre, Culture physique et mentale, hygiène-sport art & sport, (no 1, 15 mars 1926), Vivre intégralement, revue d’hygiène sociale et de libre culture (1927), Vivre intégralement. Organe d’évolution sociale (1928), Nova santé joie beauté (1932), Vivre santé joie beauté (1933), Vivre-santé (1934), Vivre d’abord ! (1939).

6 Bontemps 1930, p. 183-184.

7 Annuaire de la presse française et étrangère et du monde politique, 1927, cité par Baubérot 2004, p. 27.

8 Publicité parue sur la quatrième de couverture de Vivre à partir du 15 septembre 1926.

9 Durville 1932, p. 12.

10 Durville et Durville 1936, p. 8-9.

11 Kienné de Mongeot 1926c, p. 9.

12 Kienné de Mongeot 1926d, p. 1.

13 Ibid.

14 Durville 1933, p. 2-3.

15 Kienné de Mongeot 1939, p. 4.

16 Ibid.

17 Durville 1933, p. 2-3.

18 Baubérot 2004, p. 309-328.

19 Kienné de Mongeot 1928c, p. 3.

20 Fougerat de David de Lastours 1927 et 1928.

21 Durville 1929.

22 Harp 2014, p. 26-36.

23 Durville et Durville 1935, p. 11.

24 Kienné de Mongeot 1930, p. 6.

25 Ibid.

26 Maratray 1932.

27 Desplanques 1939, p. 18-22.

28 La partie de son fonds concernant Héliopolis a été présentée du 17 au 26 septembre 2021 à la villa Noailles (Hyères), dans le cadre des Journées européennes du patrimoine.

29 Kienné de Mongeot 1926b, p. 5.

30 Baschet 1925, p. 582.

31 Meys 1931.

32 Kienné de Mongeot 1926a, p. 2.

33 Kienné de Mongeot 1927, p. 13.

34 Ibid.

35 Kienné de Mongeot 1928c, p. 3.

36 Kienné de Mongeot 1928a, couverture.

37 Ibid., p. 12.

38 Ibid., p. 3.

39 Kienné de Mongeot 1928b, p. 12.

40 Royer 1929, p. 199.

41 Rozée 1932, p. 7.

42 Kienné de Mongeot 1936a.

43 Ibid.

44 Bontemps 1930, p. 17.

45 Bontemps 1934, p. 1811.

46 Clark 1957.

47 Minxit 1932, n. p.

48 Pollen 2022.

49 De Sazo 1948, n. p.

50 Charroux 1948, p. 2-3.

51 Foëx 1957, n. p.

52 Grunberg 1957, p. 15.

53 Grunberg 1959, p. 3.

54 Quinio et Elmerich 1951.

55 Mazeran 1967.

56 Watteau 1958, p. 64.

57 Foëx 1958, 1959.

58 Watteau 1958, p. 64.

59 Grunberg 1956, p. 2.

Illustrations

Fig. 1 La Vie sage, revue de naturisme, 7e année, no 88, 10 novembre 1929, couverture : photographe anonyme, « Par un beau dimanche, chez les naturistes, à Villennes ». Offset, 28 × 25,5 cm.

Fig. 1 La Vie sage, revue de naturisme, 7e année, no 88, 10 novembre 1929, couverture : photographe anonyme, « Par un beau dimanche, chez les naturistes, à Villennes ». Offset, 28 × 25,5 cm.

Documentation F. Capoulade. Tous droits réservés.

Fig. 2 Naturisme, 15e année, no 402, 1er août 1937, couverture : Pierre Audebert, « Rêverie sur le sable blond ». Offset, 37 × 27 cm.

Fig. 2 Naturisme, 15e année, no 402, 1er août 1937, couverture : Pierre Audebert, « Rêverie sur le sable blond ». Offset, 37 × 27 cm.

Documentation de l’auteur.

Fig. 3 Guide illustré de l’île du Levant avec [...] quarante photographies de Pierre Audebert, Paris, Naturisme, 1938, couverture. Offset, 27 × 18 cm.

Fig. 3 Guide illustré de l’île du Levant avec [...] quarante photographies de Pierre Audebert, Paris, Naturisme, 1938, couverture. Offset, 27 × 18 cm.

Documentation F. Capoulade.

Fig. 4 Vivre, no 4, 15 juin 1926, p. 5 : Elli Souyoultzoglou-Seraidari, dite Nelly’s, « Mlle Mona Païva dansant devant le Parthénon », 1925. Offset, 30 × 24 cm.

Fig. 4 Vivre, no 4, 15 juin 1926, p. 5 : Elli Souyoultzoglou-Seraidari, dite Nelly’s, « Mlle Mona Païva dansant devant le Parthénon », 1925. Offset, 30 × 24 cm.

Documentation B. Saurez. Tous droits réservés.

Fig. 5 Vivre, no 5, 15 juillet 1926, couverture : photographe anonyme, « Malkowsky : La mer ». Offset, 30 × 24 cm.

Fig. 5 Vivre, no 5, 15 juillet 1926, couverture : photographe anonyme, « Malkowsky : La mer ». Offset, 30 × 24 cm.

Documentation B. Saurez. Tous droits réservés.

Fig. 6 Vivre, no 6, 15 août 1926, couverture : Helmy Hurt / UFA, « Le matin », photographie de tournage du film documentaire Wege zu Kraft und Schönheit [Force et beauté] (Nicholas Kaufmann et Wilhelm Prager, Allemagne, UFA, 1925), 1925. Offset, 23 × 18,5 cm.

Fig. 6 Vivre, no 6, 15 août 1926, couverture : Helmy Hurt / UFA, « Le matin », photographie de tournage du film documentaire Wege zu Kraft und Schönheit [Force et beauté] (Nicholas Kaufmann et Wilhelm Prager, Allemagne, UFA, 1925), 1925. Offset, 23 × 18,5 cm.

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Fig. 7 Vivre intégralement, no 2 spécial, avril-mai-juin 1933, p. 11 : photographes anonymes, « En haut à gauche, un ami de Vivre réalisant isolément ; à droite, dans le centre de Marisol (A. de V.) de Barcelone ; au-dessous, la balle humaine à l’Association culturiste d’Alger ; en bas, à gauche, le camp des naturistes d’Auvergne (A. de V.) ; à droite, une amie de Vivre du groupe de Casablanca ». Offset, 23 × 18,5 cm.

Fig. 7 Vivre intégralement, no 2 spécial, avril-mai-juin 1933, p. 11 : photographes anonymes, « En haut à gauche, un ami de Vivre réalisant isolément ; à droite, dans le centre de Marisol (A. de V.) de Barcelone ; au-dessous, la balle humaine à l’Association culturiste d’Alger ; en bas, à gauche, le camp des naturistes d’Auvergne (A. de V.) ; à droite, une amie de Vivre du groupe de Casablanca ». Offset, 23 × 18,5 cm.

Documentation B. Saurez. Tous droits réservés.

Fig. 8 Vivre-santé, supplément littéraire, 11e année, no 189 bis, 15 janvier 1936, couverture : Ligue gymnique de la Côte d’Azur, « Trois jeunes filles, saines, belles et souriantes ». Offset, 30 × 24 cm.

Fig. 8 Vivre-santé, supplément littéraire, 11e année, no 189 bis, 15 janvier 1936, couverture : Ligue gymnique de la Côte d’Azur, « Trois jeunes filles, saines, belles et souriantes ». Offset, 30 × 24 cm.

Documentation de l’auteur. Tous droits réservés.

Fig. 9 Vivre intégralement, no 2 spécial, avril-mai-juin 1933, p. 8 : photographe anonyme, « Le centre du Sparta-club au Manoir Jan ». Offset, 24,5 × 20 cm.

Fig. 9 Vivre intégralement, no 2 spécial, avril-mai-juin 1933, p. 8 : photographe anonyme, « Le centre du Sparta-club au Manoir Jan ». Offset, 24,5 × 20 cm.

Documentation B. Saurez. Tous droits réservés.

Fig. 10 La nudité belle et vraie, Aigremont, éditions de Vivre d’abord, 1951, n. p. : Serge de Sazo, « L’activité physique sportive ne cesse, ou presque, d’animer les adeptes de la gymnité intégrale… », [1950]. Héliogravure, 23,5 × 17,5 cm.

Fig. 10 La nudité belle et vraie, Aigremont, éditions de Vivre d’abord, 1951, n. p. : Serge de Sazo, « L’activité physique sportive ne cesse, ou presque, d’animer les adeptes de la gymnité intégrale… », [1950]. Héliogravure, 23,5 × 17,5 cm.

Documentation de l’auteur.

Fig. 11 Vivre d’abord !, 24e année, 2e série, cahier no 22, no 353, novembre-décembre 1950, couverture : Serge de Sazo, [L’île du Levant], [1948]. Offset, 30 × 24 cm.

Fig. 11 Vivre d’abord !, 24e année, 2e série, cahier no 22, no 353, novembre-décembre 1950, couverture : Serge de Sazo, [L’île du Levant], [1948]. Offset, 30 × 24 cm.

Documentation de l’auteur.

Fig. 12 Enquêtes, numéro spécial : « Coquin de printemps », no 11, avril 1953, couverture : Serge de Sazo, « Monique Watteau », [1951]. Offset imprimé en quadrichromie, à partir d’un négatif gélatino-argentique monochrome, 19 × 15,5 cm.

Fig. 12 Enquêtes, numéro spécial : « Coquin de printemps », no 11, avril 1953, couverture : Serge de Sazo, « Monique Watteau », [1951]. Offset imprimé en quadrichromie, à partir d’un négatif gélatino-argentique monochrome, 19 × 15,5 cm.

Documentation de l’auteur.

Fig. 13 La Revue naturiste internationale, no 7, août 1956, couverture : Serge de Sazo, [Rita Renoir]. Offset imprimé en quadrichromie, à partir d’un négatif gélatino-argentique monochrome, 21 × 13,5 cm.

Fig. 13 La Revue naturiste internationale, no 7, août 1956, couverture : Serge de Sazo, [Rita Renoir]. Offset imprimé en quadrichromie, à partir d’un négatif gélatino-argentique monochrome, 21 × 13,5 cm.

Documentation de l’auteur.

Fig. 14 La Vie au soleil, no 93, mai-juin 1964, couverture : J. T., « La boulangerie de l’île du Levant ». Offset, 27 × 21 cm.

Fig. 14 La Vie au soleil, no 93, mai-juin 1964, couverture : J. T., « La boulangerie de l’île du Levant ». Offset, 27 × 21 cm.

Documentation de l’auteur. Tous droits réservés.

Fig. 15 La Vie au soleil, no 93, mai-juin 1964, quatrième de couverture : Actualités-Mondial-Photos, « Caravaning Gymnique ». Offset, 27 × 21 cm.

Fig. 15 La Vie au soleil, no 93, mai-juin 1964, quatrième de couverture : Actualités-Mondial-Photos, « Caravaning Gymnique ». Offset, 27 × 21 cm.

Documentation de l’auteur. Tous droits réservés.

Citer cet article

Référence papier

Jean Da Silva, « La photographie naturiste existe-t-elle ? », Photographica, 6 | 2023, 102-123.

Référence électronique

Jean Da Silva, « La photographie naturiste existe-t-elle ? », Photographica [En ligne], 6 | 2023, mis en ligne le 03 avril 2023, consulté le 08 juin 2023. URL : https://devisu.inha.fr/photographica/1154

Auteur

Jean Da Silva

Professeur émérite des universités en arts plastiques à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Jean Da Silva conduit, entre autres, des recherches sur l’esthétique des arts de soi propre aux apparences et aux comportements sociaux publics ou intimes ; ceci dans une approche esthétique, critique et politique.