De l’impudeur à la pudeur

S’habiller en Nouvelle-Calédonie du xixe siècle à nos jours

DOI : 10.54390/modespratiques.321

p. 238-257

Traduction(s) :
On Immodesty and Modesty

Plan

Texte

Alors que j’enseignais à l’université de la Nouvelle-Calédonie, en 2013, devant une classe de 1re année dans la filière « Langue et culture océaniennes », entièrement composée de jeunes kanak, une jeune fille m’interpela en me disant que le lycée Lapérouse était mal fréquenté. Il se trouve que le lycée Lapérouse est l’un des plus prestigieux de Nouméa qui attire une grande majorité de jeunes Européens, locaux ou expatriés. Devant ma surprise, elle précisa ce qu’elle voulait dire : les filles sont mal habillées. Et ce qu’elle visait, c’était les tenues bien trop courtes et dénudées que les jeunes européennes peuvent affectionner, les mini-shorts et les tee-shirts qui dévoilent le ventre, tenues acceptées au Lycée Lapérouse mais qu’on ne trouve certainement pas au Lycée protestant Do Kamo fréquenté essentiellement par des élèves kanak où les filles (comme les garçons) ont une mise extrêmement soignée et étudiée mais qui respecte d’autres canons.

Les filles kanak ont adopté le bermuda descendant au genou ou le jeans et tout au plus un débardeur dénudant les épaules mais certainement pas le ventre. Si, certaines, parmi les jeunes collégiennes, osent arborer le mini-short, ceci reste encore l’exception. À l’université ou dans les lycées, bermudas et jeans constituent la tenue standardisée qui est largement choisie aujourd’hui par les filles, plutôt que la robe mission utilisée massivement par leurs mères, surtout en contexte kanak. Car la robe mission dans toutes ses variétés est l’étendard de l’identité féminine kanak que l’on porte à la maison, dans les fêtes ou au travail lorsque c’est possible1. Mais à l’école, au lycée ou à l’université, les jeunes s’habillent plutôt « à l’européenne », la robe mission étant un marqueur plus « classique » de son appartenance kanak, parfois d’ailleurs mal vu de l’institution scolaire elle-même, obligatoire en revanche, lorsqu’il s’agit de participer à des cérémonies coutumières ou fêtes traditionnelles. Pour autant le style « européen », jeans, bermudas, débardeurs et vestes que portent les jeunes filles kanak est aussi un marqueur qui les identifie et les jeunes « blanches2 » s’habillent autrement d’une façon jugée souvent plus « indécente » pour les premières.

De la notion de la décence

L’habillement a fait l’objet d’une lutte historique, pourrait-on dire, dans un pays comme la Nouvelle-Calédonie, comme ailleurs dans les îles du Pacifique, et l’ironie veut que le fait de se couvrir ou se découvrir, ainsi que les notions de décence ou d’indécence, se soient largement inversés au cours du xxe siècle3. Prenons un exemple très symbolique : les maillots de bain et l’habillement des uns et des autres sur les plages de Nouméa en particulier. Le maillot de bain deux-pièces ou le bikini constituent la norme chez les Européennes de Nouméa (le top less est cependant rare sur les plages de la ville). Il n’existe qu’une plage de nudistes à l’écart sur la presqu’île de Nouville. Pendant longtemps, les kanak ne fréquentaient pas les plages des célèbres baies ‒ la baie des citrons ou l’Anse Vata ‒ préférant l’entre-soi relatif que leur offrait la plage de Magenta ou les plages de la presqu’île de Nouville. Cette ségrégation implicite de l’espace si caractéristique du pays et de son histoire s’est largement défaite au cours de ces vingt dernières années et les groupes de baigneurs se mêlent sur toutes les plages de la ville, mais les tenues se distinguent. Les femmes kanak et plus largement océaniennes se baignent généralement avec des maillots shorts et des teeshirts et parfois des pantalons de sport et les hommes en bermuda de plage tandis que les « mamans » en robe mission se tiennent assises sur des nattes étendues sur l’herbe bordant la plage, les jambes repliées sous elles ou soigneusement serrées. Une jeune anthropologue, originaire de France, témoignait de sa difficulté à apprendre à s’asseoir ainsi pour garantir la décence et la pudeur nécessaire4. On l’aura compris, les kanak sont pudiques et peuvent être choqués par les corps européens dénudés à la plage ou en ville. Une autre jeune anthropologue, américaine, faisait sensation dans les années 1990, lorsqu’elle partait chaque matin faire un jogging en short aux alentours. Certes, les choses ont évolué et il n’est pas rare de voir des kanak, hommes et femmes, en tenue de sport, courir sur la promenade Pierre Vernier à Nouméa ou sur la piste cyclable de Koné. Mais le temps n’est pas encore venu de la mode des bikinis ou slips de bain pour les hommes et des jupes ou shorts courts prisés par les Européens.

Gravure de la Billiardière, 1791-1794.

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La femme porte la jupe en fibre avec « le tablier inversé ». Voir Kanak. L’art est une parole, Musée du Quai Branly, Actes Sud, 2014, p. 66-67.

Gravure de la Billiardière, 1791-1794.

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L’homme porte le bagayou vertical. Voir Kanak. L’art est une parole, Musée du Quai Branly, Actes Sud, 2014, p. 66-67.

Qu’est-ce qu’être nu ?

Les kanak ont toujours été pudiques, couverts ou non, comme le rappellent Patrick O’Reilly et Jean Poirier en 1953 : « La nudité était déjà interdite par la morale indigène avant l’arrivée européenne, mais cet interdit ne s’appliquait qu’à la seule nudité des parties sexuelles ; les seins, qu’aucune société archaïque n’a jamais songé à voiler et qui demeurent tout à fait en dehors de la sexualité, restaient nus ; au contraire une très grande pudeur s’appliquait au sexe, et les Néo-Calédoniens ont pris un surcroît de précautions pour arriver à une protection efficace de cette partie du corps5. » Comme le rappellent ces deux auteurs, les hommes prenaient un soin tout particulier au revêtement du sexe par un étui pénien ou bagayou, que l’on portait semble-t-il sous deux formes. La première, plus rarement attestée dans les documents, utilisait un étui, de taille imposante, montant jusqu’à la poitrine, redressé verticalement le long du ventre par une ceinture haute qui passait au-dessus des seins, sous les aisselles. L’autre, plus fréquente, laissait l’étui pénien pendre entre les cuisses, formé d’un tissu végétal enveloppant la verge et la prolongeant jusqu’aux genoux, aux mollets ou par terre lorsqu’il accompagnait l’habillement de guerre. Les femmes, quant à elles, portaient une ceinture de fibres, laissant retomber des cordelettes végétales, plus ou moins longues, jusqu’aux genoux ; ceinture que l’on enroulait plusieurs fois autour de la taille à laquelle s’ajoutaient par-derrière des franges très longues permettant de se pencher pour travailler la terre. Mais l’habillement kanak ancien ne se limitait pas à couvrir les parties « intimes » du corps. Les hommes, comme on le sait, portaient un grand soin à couvrir leur tête, la partie la plus noble, avec toques ou turbans d’écorce de diverses formes selon les contextes (turban du deuilleur, coiffure de guerre, couvre-chefs réservés aux anciens ou aux chefs, turbans d’écorce pour les gens du commun et les activités quotidiennes, enroulés autour de la tête pour former parfois des édifices hauts et imposants.) S’ajoutaient à cela les masques que l’on portait lors des cérémonies, les bandes dont on ornait les jambes, les bracelets que l’on portait aux bras. Les femmes ne portaient ni masques ni parures de tête et coupaient court leurs cheveux dans lesquels elles plantaient parfois le peigne à titre de décoration. En revanche, elles avaient le quasi-monopole des colliers les plus divers dont elles paraient leur cou et portaient aussi des bracelets. Outre ces parures, ornements ou coiffures, selon les termes utilisés par les descriptions des missionnaires, les hommes et femmes kanak connaissaient aussi les tatouages (quoique plus rarement que dans d’autres îles du Pacifique), scarifications, oreilles trouées et se coloraient la peau ou les cheveux dans des circonstances particulières. De leur point de vue, le corps était soigneusement couvert et « enveloppé » par le port d’objets qui, on le sait, n’avaient pas qu’une fonction d’ornements mais étaient aussi investis de pouvoirs symboliques.

Hommes en bagayou

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album du docteur François, 164 Fi 145.

Maurice Leenhardt déjà et les recherches anthropologiques plus récentes ont bien montré les multiples sens que pouvaient prendre les « manières de se couvrir », les conceptions différentes de la « décence » et la perception de la nudité6. Les kanak, en aucun cas, ne se voyaient comme nus mais couverts, « décents » et protégés, lorsqu’ils se présentaient en bagayou et la tête coiffée devant les Européens. Ils virent, au contraire, ces derniers comme nus, selon Leenhardt, « tels qu’ils apparaissaient, avec leur tunique et leur pantalon7 ». « Quand ils les eurent massacrés, ils se partagèrent les dépouilles et nommèrent les habits, les peaux de dieux8. » Et Leenhardt affirme qu’une telle formule circulait encore au début du siècle9.

S’ils perçurent les Européens comme des êtres « nus » ou portant une deuxième peau et quoiqu’il en soit, étrangement accoutrés du point de vue kanak, (n’empêchant pas la fascination en particulier pour les couvre-chefs et tissus de couleur rouge, hautement prisés), il est clair que les Européens, quant à eux, virent les hommes et femmes kanak comme « nus ». Le docteur Rochas signale en 1862 que « le Néo-Calédonien s’habille légèrement mais avec recherche10 ». Il précise, cependant que « cet habillement n’a aucune sérieuse prétention à cacher la nudité mais se résume à l’orner » avec « tous les caprices de la mode » qu’il renonce « de grand cœur à peindre11 ». De Rochas, comme ses contemporains missionnaires ou autres observateurs, voit les kanak nus et fiers, pourrait-on ajouter :

Il ne faudrait pas croire que l’indigène fit peu de cas de son déshabillé et qu’à la vue d’un Européen vêtu des pieds à la tête, il eût un ardent désir de l’imiter. Point du tout : plus fier de sa nudité qu’un hidalgo en manteau, il considère comme souverainement ridicule d’emmailloter le chef-d’œuvre de la création. Le désir ou le besoin de se couvrir dénote chez celui qui l’éprouve, un long frottement avec les Européens et un commencement de civilisation. […] Les jeunes gens que les missionnaires veulent faire habiller, sont souvent pris à partie par les vieillards qui leur disent « Eh quoi ! Abandonnerez-vous pour des étrangers les coutumes de vos pères ? Votre ridicule accoutrement vaut-il la mâle et simple tenue que nous vous avons donnée ? Les vêtements des blancs sont tout au plus, bons pour les femmes12. »

La mode kanak ou le goût des couvre-chefs, manous, ceintures et… moustaches.

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© Archives de Nouvelle-Calédonie. Album Nething, 148Fi22-137.

La mode à l’épreuve de la colonisation

Faut-il rappeler, ici, le contraste particulièrement saisissant entre les « manières anciennes de se couvrir » des kanak et « la mode » vestimentaire européenne qui triomphe au cours du xixe siècle alors que s’imposent la pruderie et la décence bourgeoises. Ceux que les kanak rencontrent sont habillés de pied en cap, qu’il s’agisse des missionnaires « en robe noire » et amplement chapeautés, des soldats et officiers sanglés, bottés et harnachés, des colons en chemise, pantalon, veston et chapeau et de leurs femmes vêtues de longues robes cachant soigneusement leurs chevilles sur lesquelles montent des bottines tandis que plis, replis et boutons emprisonnent le corps jusqu’à la gorge. Puis viendront les condamnés, vêtus de pantalon et blouse de toile grise et rugueuse et couverts de chapeau de paille ou encore les déportés de la Commune tels qu’on les voit sur certaines photos, directement débarqués à la presqu’île Ducos ou sur l’île des Pins, dans leurs habits parisiens avec leurs compagnons d’infortune, issus des notabilités kabyles qui ont pris la tête de l’insurrection de la grande Kabylie en 1871, couverts de leur burnous blancs. Il y aura aussi les travailleurs engagés tonkinois et javanais en habits simples de travail et chapeau pointu ou en costumes plus sophistiqués pour les grands jours. Enfin les « Océaniens », Ni Vanuatu ou kanak, qui longtemps apparaissent « en tenues traditionnelles » ou très sommairement vêtus.

Travailleurs Ni Vanuatu nus sur une plantation dans les environs de Nouméa. Photographie de 1874.

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album Mialaret, 175 Fi 2.

« La Foa, poste de surveillants, 1874 »

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album Allan Hughan, 1 Num 23-3064.

Certes missionnaires et militaires vont rapidement faire pression pour exiger « la décence » et cacher ces seins et sexes qu’ils ne pouvaient voir. On exigea, pour les femmes, le port d’un calicot pour couvrir la poitrine avant d’introduire « la robe mission » que les évangélistes britanniques s’étaient empressés d’importer de Londres à Tahiti dès le début du xixe siècle et connue dans les îles du Pacifique anglophone sous le nom de « Mother Hubbards ». Pour les hommes, de simples tissus couvrant le bas pouvaient suffire, adoptés en Nouvelle-Calédonie sous le nom de « manou » même s’il était demandé de diffuser le port du pantalon. Selon les premiers textes officiels qui suivirent la prise de possession par la France, les chefs de Balade, demandèrent, dès 1854, la création d’agents de police munis « d’un habit pour les distinguer13 » qui se résuma, dans le principe, à « un brassard tricolore au bras gauche14 » et l’on invita les chefs à se vêtir de parties d’uniforme et de casquettes pour témoigner de leur rang lors des cérémonies organisées à la gloire de l’Empereur Napoléon III. Mais on vit aussi longtemps des hommes persister à se promener en bagayou ou des Ni Vanuatais travailler quasiment nus dans les plantations dans les années 1870-1880. Une photo, prise en 1878, intitulée « police indigène », montre des guerriers de Canala recrutés comme auxiliaires des troupes françaises, pour réprimer l’insurrection qui explose sur la côte ouest du territoire, vêtus d’un simple tissu suspendu à une ceinture avec de belles parures de tête et une femme encore seins nus et en jupe de fibre. À l’arrière, un homme masqué, « La police indigène » que voit le photographe Hughan est constituée, en fait, de guerriers qui se sont préparés au combat selon les règles, les signes et les stratégies kanak pour vaincre leurs ennemis les plus proches avec l’appui des soldats français.

« Police indigène », 1878.

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© Archives de Nouvelle-Calédonie, Serge Kakou, album New Caledonia and Norfolk Island, 148 Fi 1-29.

Photographie anonyme 1920.

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kakou, plaques de verre, 148 Fi 44–11.

Mais il est vrai que progresse alors l’évangélisation de l’île et avec elle, le vêtement, robe mission, le pagne avec parfois un short dessous puis le pantalon et la chemise. Une très belle photo de travailleurs sur plantation, mêlant hommes, femmes et enfants, kanak, Javanais et Ni Vanuatais, prise à Koné à la fin du xixe siècle, montre les habillements les plus simples au sortir d’une journée de cueillette de café15. La pauvreté et l’usure se lisent sur les habits autant que sur les corps ou dans les regards fatigués. La colonie, du reste, en cette fin de siècle est familière de ces mises vestimentaires les plus pauvres ou sommaires que portent les travailleurs sur contrat, les kanak, les domestiques mais aussi les condamnés ou les libérés. En 1879, les autorités s’inquiètent des hardes que portent ces derniers : « Vu le nombre toujours croissant des libérés et la difficulté toujours plus grande chaque jour de contracter un engagement, vu l’état de dénuement dans lequel se trouvent ces hommes […], considérant que les libérés ont été vêtus jusqu’à ce jour au moyen de vieux effets de condamnés mis hors service […] il importe de donner aux libérés un costume différent de celui des condamnés16. ». En 1929, un inspecteur des colonies se plaint que les engagés ne respectent pas les obligations d’habillement qu’ils ont à l’égard de leurs engagistes : « Il est prévu une distribution de deux costumes par an ; on ne le croirait guère à voir les accoutrements sommaires des kanaks engagés à Nouméa ; pourtant les indigènes un peu instruits et en contact avec les blancs aiment, en général, à s’habiller à l’européenne. Ici encore le reproche de désordre adressé aux indigènes est un prétexte facile pour éviter des distributions d’effets solides17. »

Les colons de brousse, eux-mêmes, sont, pour beaucoup, d’origine modeste et rares sont ceux qui peuvent se prévaloir d’une véritable garde-robe. Mais l’apparence est importante dans les centres de colonisation libre, en particulier car c’est ainsi que les « colons honorables » se distinguent à la fois des anciens bagnards et libérés et des indigènes. On soigne sa mise et sa moustache pour se distinguer des « blancs déchus ». Dans un entretien recueilli à Koné en 1990, une descendante de colon libre témoignait : « Mon père, c’était un homme très fier de sa personne. Il vous aurait vue avec votre tricot rayé, il aurait dit − “non, moi, je ne porte pas ça parce que c’est les condamnés qui portent ça.” − Il ne fallait pas couper ses cheveux très ras non plus parce que c’était ceux qui passaient à la guillotine18. » Une autre à Voh se rappelle les mêmes préoccupations de distinctions physiques et vestimentaires : « Mes parents étaient très sévères là-dessus, surtout sur les libérés. Il ne fallait pas se raser la moustache. Parce que mon père et mon frère, ils avaient de grandes moustaches. Les autres colons aussi, ils avaient la moustache. Parce que les condamnés, eux-autres, ils étaient rasés et les libérés, ils avaient la barbe19. » En soignant sa mise, alors qu’en brousse, le travail des champs, l’isolement, la chaleur et parfois la pauvreté, invitent plutôt à se dévêtir et à se déchausser, les colons « honorables » ont le sentiment de résister à « l’ensauvagement » et pire encore à « l’encanaquement » par l’habit qui maintient les normes de « leur civilisation ». À Nouméa, parmi les familles blanches et aisées, les toilettes rivalisent pour exhiber les dernières modes parisiennes.

Fin de journée dans une caféérie, années 1900

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kakou, clichés Charles Nething, 148 Fi 22-1.

« Les libérés et la barbe », le concessionnaire Bérézowski à Bourail, vers 1890.

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album du docteur François, 164 Fi 31.

Corvée de condamnés dans les carrières de l’Île Nou, xixe siècle.

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kalou, clichés Nouvelle-Calédonie, 148 Fi 34-37.

Habitation d’un concessionnaire à Bourail.

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© Archives de Nouvelle-Calédonie, Album Nicolas Frédéric Hagen, 1 Num3-101.

Entre robe mission et mode européenne

De En 1953, lorsqu’est publié le numéro spécial du Journal de la Société des Océanistes, consacré au centenaire de la prise de possession française, intitulé − et c’est en soi, tout un programme − « Un siècle d’acculturation en Nouvelle-Calédonie, 1853-1953 », Jean Poirier et Patrick O’Reilly se sont amusés à inclure dans leur article des planches de dessin qui montrent « les transformations du vêtement » en monde kanak, partant de la jupe en fibre, du bagayou et du couvre-chef traditionnel jusqu’à la chemise, le pantalon et le chapeau en passant par le port du manou et pour les chefs, les différents uniformes dont ils ont pu être affublés.

On pourrait faire un parallèle avec les modes « européennes », représentées en Nouvelle-Calédonie, et leur évolution au cours du xixe siècle et première moitié du xxe siècle. Imaginons ces missionnaires, officiers et soldats soigneusement recouverts, solennellement réunis le 24 septembre 1853 sur une plage de Balade, devant des guerriers kanak en grande tenue traditionnelle pour célébrer une cérémonie dont ces derniers ne pouvaient comprendre la portée, à coups de canons et discours. Imaginons ces femmes françaises des années 1880 débarquant d’une baleinière en robe longue pour être accueillies par la police indigène très sommairement vêtue et rejoindre le lopin de terre promis, là-bas en France, dans leur région d’origine, incarnant toutes leurs espérances pour refaire leur vie « aux colonies ». Imaginons encore ces colons en pantalon, chemise et veste, observant les condamnés enchaînés vêtus de pauvres hardes et suant sur les chantiers de brousse. Imaginons, enfin, les familles nouméennes dans les années 1920-1930, habillées à la dernière mode et accompagnées de domestiques javanais ou javanaises, revêtus d’habits simples et parfois de leurs plus beaux atours de « chez eux ». La rivière ou la mer sont à proximité et les « blancs » s’y baignent en tenue qui, elles aussi évoluent.

Costume masculin

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Jean Poirier et Patrick O’Reilly, Le Journal de la Société des Océanistes, 1953, p. 153.

Costume masculin (suite)

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Jean Poirier et Patrick O’Reilly, Le Journal de la Société des Océanistes, 1953, p. 153.

Costume féminin

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Jean Poirier et Patrick O’Reilly, Le Journal de la Société des Océanistes, 1953, p. 153.

La plage de l’Anse Vata, Nouméa, à un siècle d’inter valle. Cartes postales.

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© Collection particulière.

Plage de l’Anse Vata, Nouméa, 2015.

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© NikO VinCent.

Imaginons, enfin, l’évolution de la mode dans les années 1960-1970, alors que les jupes se raccourcissent, que les maillots de bain de deux pièces font leur apparition, que les cheveux des jeunes kanak se portent en boule à l’image des chanteurs noirs américains. La pudeur est encore de mise dans les écoles, collèges ou lycées où se joue une lutte larvée pour les filles en particulier. Les jeunes européennes se battent pour découvrir leurs jambes et leurs bras. Les jeunes kanak, quant à elles, subissent l’interdiction de la « robe mission » au nom de l’assimilation aux habitudes françaises, y compris dans les établissements catholiques et protestants où les kanak sont largement majoritaires. Waimalo Wapotro, militante associative se souvient des années 1970 : « […] enfant je portais des robes mission confectionnées par ma mère. Cela me semblait complètement naturel de porter ce vêtement. Plus tard, au collège Do Névâ, à Houaïlou, j’ai appris que l’on ne pouvait mettre cette robe dans l’établissement. […] C’est à cette époque que Billy (Wapotro) et ses camarades de classe se sont élevés contre le bannissement de la robe mission dans les établissements scolaires […]. Cette interdiction nous a ouvert les yeux. Notre robe s’est transformée en enjeu identitaire, puis en signe identitaire à partir du moment où nous avons retrouvé la liberté de la porter partout20. »

Comme le souligne une couturière de Ponerihouen, « la robe mission représente la femme kanak d’aujourd’hui. Mais l’on voit aussi de plus en plus de femmes d’autres ethnies la porter21. » Mais cela dépend néanmoins très clairement du contexte car très rares sont les femmes européennes, encore aujourd’hui, acceptant de se revêtir de la robe mission sauf circonstances exceptionnelles, telles qu’une invitation à un mariage. Quelques vieilles femmes blanches de brousse, descendantes de colons, témoignent, cependant ainsi de leur imprégnation profonde des « mœurs pays ».

À l’inverse, comme le remarque cette même couturière, « que nos jeunes aient envie de s’habiller elles aussi à l’européenne, c’est compréhensible, cela ne me choque pas22. » La robe mission est alors réservée pour les événements coutumiers. Pourtant comme on l’a souligné au début de ce texte, la mode des jeunes kanak se distingue de celles des jeunes européennes. Et le fait de se découvrir reste encore soigneusement calculé. On note une tendance au raccourcissement de la robe mission ou encore le port de la robe mission comme haut mis sur un jeans. Mais la pudeur reste de mise sur les bords de mer où le maillot de bain se porte sous le short et le tee-shirt.

Déportés de la Commune et de l’insurrection Kabyle, 1876.

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album Allan Hughan, 1 Num 23-3158, «  Île des Pins, baie de Kuto, Territoire militaire ».

La mode du Manou, « Canaques », 1889-1919

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© Archives nationales d’Outre-mer (ANOM).

La mode « Stockman », années 1930

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kakou, 148 Fi 37

Une femme européenne habillée selon la mode des années 1930 devant la « Maison d’un chef de tribu », 1929-1935

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© ANOM.

Dessin de presse

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© Fidji Sun, 1978.

Et on trouverait encore dans certains milieux, attachés à religion chrétienne, une véritable réprobation face à la mise jugée indécente d’Européens comme en témoignait en 1978 le journal le Fidji Sun23. L’ironie de ce dessin est troublante. Il retourne en effet l’accusation d’indécence, pour laquelle les supposés « sauvages » étaient auparavant montrés du doigt, contre nos propres pratiques contemporaines d’habillement, ou plutôt le dévoilement autorisé et progressif du corps au cours xxe siècle. Le choc culturel en Nouvelle-Calédonie opposait, au xixe siècle, une société kanak qui habillait ou parait certaines parties du corps et une société européenne influencée par les mœurs puritaines de son temps, cette dernière oubliant les rapports plus libres que l’on pouvait connaître au xviiie siècle vis-à-vis de la nudité24. L’habillement a été, pour les Européens en colonie, un instrument parmi d’autres, d’une « mission civilisatrice » qui voulait soumettre les peuples colonisés aux mœurs occidentales et les amener progressivement à apprécier nos façons de nous vêtir, suivant nos critères de la décence ou de l’indécence au fil de nos propres modes. L’habillement fut un combat pour les kanak. Il fut signe d’abord de la soumission et de l’acceptation, en apparence du moins, de la disqualification de leur culture et des modes de vie anciens marqués, pour les convertis au christianisme, par l’image des « ténèbres », de la sauvagerie et de l’anthropophagie. Il devint, dans la seconde moitié du xxe siècle, le signe, au contraire, d’une affirmation de la revendication identitaire, en particulier en ce qui concerne l’habillement féminin et la robe mission. L’usage politique de l’habillement est moins évident chez les hommes même si on peut voir dans la coupe afro ou rasta (et le goût prononcé pour la musique reggae), le retour du manou dans les cérémonies coutumières, le port des chemises hawaïennes, des tee-shirts à l’effigie de Bob Marley ou du drapeau kanaky ou les bonnets de laine portés par les jeunes, comme autant de symboles d’une mode kanak fièrement arborée. Il n’y a pas la mode en Nouvelle-Calédonie mais des modes, chacune suivant ses propres références culturelles, communautaires et historiques. Le recul historique que nous nous sommes autorisé dans cet article, s’est volontairement écarté de toute fascination pour l’exotisme, refusant par principe de limiter l’interrogation au seul regard porté sur l’autre, le kanak traditionnel ou colonisé que l’on se plaisait, au xixe siècle, à photographier en studio sur des scènes et dans des poses savamment agencées. Le jeu que nous offrait cette étude, permettait, tout au contraire, d’analyser en miroir les kanak, Européens ou encore Asiatiques et autres qui se côtoyaient dans les villages et les vallées de la Nouvelle-Calédonie, chacun habillé selon ses normes ou celles qu’on lui imposait progressivement, ou encore selon sa condition sociale. Nous avons voulu mettre en valeur les conceptions relatives de la pudeur ou de l’indécence et leurs évolutions, au cours du XIXe et xxe siècle, avec, in fine, le retournement d’une logique de « voilement et dévoilement » du corps que l’on peut observer aujourd’hui sur les plages de Nouméa. Mais nous voulions aussi insister sur la pauvreté de l’habillement largement partagée par les travailleurs, kanak ou non kanak, et les plus pauvres des Européens, pénaux ou libres, qui ne permettait guère à beaucoup, jusqu’aux années 1960, d’imaginer « suivre la mode ». L’habillement pourtant, jouait pour d’autres, le rôle essentiel de la distinction contre « l’ensauvagement » et les marques du bagne, lié au sentiment d’appartenir à une civilisation supérieure, dont la mode en France, pouvait être l’une des formes d’expression. Si les codes vestimentaires ont largement évolué et ont pu au fil du temps se rapprocher ou se brouiller, ils restent néanmoins toujours travaillés par les logiques identitaires et les sentiments d’appartenance que chacun veut revendiquer. Derrière la mode, celle qui vient de France ou d’ailleurs, se cachent, en Nouvelle-Calédonie, les modes, qu’on ne peut décrypter que dans le contexte et l’histoire singulière de ce pays.

Marie Aconley with Melanesians, all seated, Noumea, 1937.

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© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Marie Grano, 171 Fi 5.

Famille tonkinoise, 1944.

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© ANOM.

Le dimanche dans une tribu, indigènes revenant de l’église, 1929-1935.

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© ANOM.

Femmes et fillettes portant la robe mission, 1953.

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© ANOM.

Domestiques javanaises dans une rue de Nouméa, 1929-1935.

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© ANOM.

1 Comme le souligne Anna Païni dans un article publié en 2003, les recherches récentes portant sur l’habillement et le vêtement en Nouvelle-Calédonie

2 Terme usuel du langage commun en Nouvelle-Calédonie.

3 C’est le thème principal de l’ouvrage Clothing the Pacific (2003) qui ne traite pas, cependant, du cas spécifique de la Nouvelle-Calédonie.

4 Anna Païni, « Rhabiller les symboles », op. cit., p. 239.

5 Patrick O’Reilly et Jean Poirier, « L’évolution du costume » in Un siècle d’acculturation en Nouvelle-Calédonie, 1853-1953, Journal de la Société

6 Hormis les descriptions laissées par les premiers missionnaires et observateurs des sociétés kanak au xixe siècle, Maurice Leenhardt est le premier

7 Ibid., p. 4.

8 Ibid.

9 Ibid.

10 Docteur Victor De Rochas, La Nouvelle-Calédonie et ses habitants productions, mœurs, cannibalisme, Paris, 1862, p. 149.

11 Ibid.

12 Ibid. p. 151.

13 Demande de Philippo Boueone, chef de la tribu de Puma. BONC, 7 février 1854, p. 11. Reprise par Uarebat et Hyppolite Bonou, chefs de la tribu de

14 Code de la tribu de Pouma, BONC, 9 février 1854, p. 13. Code la tribu des Muélébés, BONC, 15 février 1854, p. 19.

15 J’en profite, ici, pour remercier chaleureusement, Christophe Dervieux de l’équipe des archives de Nouvelle-Calédonie et Manuel Charpy

16 Isabelle Merle, Expériences coloniales. La Nouvelle-Calédonie. 1853-1920 , Belin, Paris, 1995, note 44, p. 432.

17 Inspection Coste, 1929, Service des Affaires indigènes et main-d’œuvre océanienne, CAOM, 1AFFPOL 746.

18 Isabelle Merle, Expériences coloniales, ibidem, p. 359.

19 Ibid.

20 Mwa Véé, 69, 2010. Entretien cité sur le site http://www.adck.nc/patrimoine/mwa-vee/archives/245-mwa-vee-nd69.

21 Ibid.

22 Ibid.

23 Cité dans Clothing the Pacific, op. cit., p. 3.

24 Cf. Jean-Claude Bologne, Histoire de la pudeur, Paris, Hachette, 1986.

Notes

1 Comme le souligne Anna Païni dans un article publié en 2003, les recherches récentes portant sur l’habillement et le vêtement en Nouvelle-Calédonie sont relativement pauvres et se sont surtout concentrées sur le port de la « robe mission ». Chloé Cochester qui édita la même année, un ouvrage intitulé Clothing the Pacific indique que ce manque d’intérêt relatif, dans la littérature consacrée aux études vestimentaires sur d’autres terrains coloniaux, englobe l’ensemble des îles du Pacifique. Anna Païni, « Rhabiller les symboles : les femmes kanak et la robe mission à Lifou (Nouvelle-Calédonie) », in Journal de la Société des Océanistes, Musée de l’homme, Paris, 117, 2003-2, p. 233-252, Chloé Colchester, Clothing the Pacific, Berg, Oxford, New York, 2003. À noter, depuis, le mémoire de Mélanie Paquet : « Regardez comment nous sommes vêtus. La robe mission sous différentes façons à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) », sous la direction de Pierre Lemonnier, Université de Provence, MMSH, 2006. À noter aussi l’exposition qui s’est tenue en 2009 au centre culturel Tjibaou, « Robes missions, un art de la rue » ainsi que le numéro spécial de la revue Mwà Véé publié en 2010 : « De la robe mission à la robe Kanak » (Mwà Véé, 69, Nouméa, 2010).

2 Terme usuel du langage commun en Nouvelle-Calédonie.

3 C’est le thème principal de l’ouvrage Clothing the Pacific (2003) qui ne traite pas, cependant, du cas spécifique de la Nouvelle-Calédonie.

4 Anna Païni, « Rhabiller les symboles », op. cit., p. 239.

5 Patrick O’Reilly et Jean Poirier, « L’évolution du costume » in Un siècle d’acculturation en Nouvelle-Calédonie, 1853-1953, Journal de la Société des Océanistes, Musée de l’homme, Paris, 1953, p. 151-169.

6 Hormis les descriptions laissées par les premiers missionnaires et observateurs des sociétés kanak au xixe siècle, Maurice Leenhardt est le premier à accorder au sujet, une véritable analyse in « Pourquoi se vêtir ? » in Journal de la Société des Océanistes, no 58-59, tome 34, 1978, p. 3-7.

7 Ibid., p. 4.

8 Ibid.

9 Ibid.

10 Docteur Victor De Rochas, La Nouvelle-Calédonie et ses habitants productions, mœurs, cannibalisme, Paris, 1862, p. 149.

11 Ibid.

12 Ibid. p. 151.

13 Demande de Philippo Boueone, chef de la tribu de Puma. BONC, 7 février 1854, p. 11. Reprise par Uarebat et Hyppolite Bonou, chefs de la tribu de Muélébé (Pouebo), BONC, 15 février 1854, p. 16.

14 Code de la tribu de Pouma, BONC, 9 février 1854, p. 13. Code la tribu des Muélébés, BONC, 15 février 1854, p. 19.

15 J’en profite, ici, pour remercier chaleureusement, Christophe Dervieux de l’équipe des archives de Nouvelle-Calédonie et Manuel Charpy, responsable de la Revue Histoire de la mode, pour leur contribution précieuse dans la constitution du corpus photographique que cet article présente.

16 Isabelle Merle, Expériences coloniales. La Nouvelle-Calédonie. 1853-1920 , Belin, Paris, 1995, note 44, p. 432.

17 Inspection Coste, 1929, Service des Affaires indigènes et main-d’œuvre océanienne, CAOM, 1AFFPOL 746.

18 Isabelle Merle, Expériences coloniales, ibidem, p. 359.

19 Ibid.

20 Mwa Véé, 69, 2010. Entretien cité sur le site http://www.adck.nc/patrimoine/mwa-vee/archives/245-mwa-vee-nd69.

21 Ibid.

22 Ibid.

23 Cité dans Clothing the Pacific, op. cit., p. 3.

24 Cf. Jean-Claude Bologne, Histoire de la pudeur, Paris, Hachette, 1986.

Illustrations

Gravure de la Billiardière, 1791-1794.

Gravure de la Billiardière, 1791-1794.

La femme porte la jupe en fibre avec « le tablier inversé ». Voir Kanak. L’art est une parole, Musée du Quai Branly, Actes Sud, 2014, p. 66-67.

Gravure de la Billiardière, 1791-1794.

Gravure de la Billiardière, 1791-1794.

L’homme porte le bagayou vertical. Voir Kanak. L’art est une parole, Musée du Quai Branly, Actes Sud, 2014, p. 66-67.

Hommes en bagayou

Hommes en bagayou

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album du docteur François, 164 Fi 145.

La mode kanak ou le goût des couvre-chefs, manous, ceintures et… moustaches.

La mode kanak ou le goût des couvre-chefs, manous, ceintures et… moustaches.

© Archives de Nouvelle-Calédonie. Album Nething, 148Fi22-137.

Travailleurs Ni Vanuatu nus sur une plantation dans les environs de Nouméa. Photographie de 1874.

Travailleurs Ni Vanuatu nus sur une plantation dans les environs de Nouméa. Photographie de 1874.

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album Mialaret, 175 Fi 2.

« La Foa, poste de surveillants, 1874 »

« La Foa, poste de surveillants, 1874 »

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album Allan Hughan, 1 Num 23-3064.

« Police indigène », 1878.

« Police indigène », 1878.

© Archives de Nouvelle-Calédonie, Serge Kakou, album New Caledonia and Norfolk Island, 148 Fi 1-29.

Photographie anonyme 1920.

Photographie anonyme 1920.

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kakou, plaques de verre, 148 Fi 44–11.

Fin de journée dans une caféérie, années 1900

Fin de journée dans une caféérie, années 1900

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kakou, clichés Charles Nething, 148 Fi 22-1.

« Les libérés et la barbe », le concessionnaire Bérézowski à Bourail, vers 1890.

« Les libérés et la barbe », le concessionnaire Bérézowski à Bourail, vers 1890.

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album du docteur François, 164 Fi 31.

Corvée de condamnés dans les carrières de l’Île Nou, xixe siècle.

Corvée de condamnés dans les carrières de l’Île Nou, xixe siècle.

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kalou, clichés Nouvelle-Calédonie, 148 Fi 34-37.

Habitation d’un concessionnaire à Bourail.

Habitation d’un concessionnaire à Bourail.

© Archives de Nouvelle-Calédonie, Album Nicolas Frédéric Hagen, 1 Num3-101.

Costume masculin

Costume masculin

Jean Poirier et Patrick O’Reilly, Le Journal de la Société des Océanistes, 1953, p. 153.

Costume masculin (suite)

Costume masculin (suite)

Jean Poirier et Patrick O’Reilly, Le Journal de la Société des Océanistes, 1953, p. 153.

Costume féminin

Costume féminin

Jean Poirier et Patrick O’Reilly, Le Journal de la Société des Océanistes, 1953, p. 153.

La plage de l’Anse Vata, Nouméa, à un siècle d’inter valle. Cartes postales.

La plage de l’Anse Vata, Nouméa, à un siècle d’inter valle. Cartes postales.

© Collection particulière.

Plage de l’Anse Vata, Nouméa, 2015.

Plage de l’Anse Vata, Nouméa, 2015.

© NikO VinCent.

Déportés de la Commune et de l’insurrection Kabyle, 1876.

Déportés de la Commune et de l’insurrection Kabyle, 1876.

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, album Allan Hughan, 1 Num 23-3158, «  Île des Pins, baie de Kuto, Territoire militaire ».

La mode du Manou, « Canaques », 1889-1919

La mode du Manou, « Canaques », 1889-1919

© Archives nationales d’Outre-mer (ANOM).

La mode « Stockman », années 1930

La mode « Stockman », années 1930

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kakou, 148 Fi 37

Une femme européenne habillée selon la mode des années 1930 devant la « Maison d’un chef de tribu », 1929-1935

Une femme européenne habillée selon la mode des années 1930 devant la « Maison d’un chef de tribu », 1929-1935

© ANOM.

Dessin de presse

Dessin de presse

© Fidji Sun, 1978.

Marie Aconley with Melanesians, all seated, Noumea, 1937.

Marie Aconley with Melanesians, all seated, Noumea, 1937.

© Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Marie Grano, 171 Fi 5.

Famille tonkinoise, 1944.

Famille tonkinoise, 1944.

© ANOM.

Le dimanche dans une tribu, indigènes revenant de l’église, 1929-1935.

Le dimanche dans une tribu, indigènes revenant de l’église, 1929-1935.

© ANOM.

Femmes et fillettes portant la robe mission, 1953.

Femmes et fillettes portant la robe mission, 1953.

© ANOM.

Domestiques javanaises dans une rue de Nouméa, 1929-1935.

Domestiques javanaises dans une rue de Nouméa, 1929-1935.

© ANOM.

Citer cet article

Référence papier

Isabelle Merle, « De l’impudeur à la pudeur », Modes pratiques, 2 | 2017, 238-257.

Référence électronique

Isabelle Merle, « De l’impudeur à la pudeur », Modes pratiques [En ligne], 2 | 2017, mis en ligne le 13 février 2023, consulté le 20 avril 2024. URL : https://devisu.inha.fr/modespratiques/321

Auteur

Isabelle Merle