Les aquamaniles d’Hildesheim découverts en Europe de l’Est et en Sibérie

Contribution à l’archéologie économique du xiiie siècle

p. 31-42

Index

Mots-clés

Aquamanile, Hildesheim, Archéologie

Keywords

Aquamanile, Hildesheim, Archaeology

Plan

Texte

En 1718, Daniel Gottlieb Messerschmidt (1685-1735), grand naturaliste et médecin connu aujourd’hui comme « savant universel et pionnier de l’exploration en Sibérie1 », s’est vu donner pour mission par le tsar russe Pierre le Grand (1672-1725) d’explorer son empire. L’objectif était entre autres de rassembler des naturalia et des artificalia destinés au nouveau cabinet d’art (Kunstkamera) de Saint-Pétersbourg et de les rendre accessibles au grand public à des fins éducatives. Entre 1720 et 1727, au fil de son voyage qui l’a amené à Moscou, Kazan, Tioumen, Tobolsk, Tomsk, Krasnoïarsk et Irkoutsk, le savant a rassemblé quantité de plantes, de singularités ethnographiques et d’objets d’origines les plus diverses2.

Parmi les envois à Saint-Pétersbourg au cours de l’expédition et les curiositates rapportées du voyage figuraient des bronzes antiques et byzantins, sassanides et abbassides, mais aussi provenant de la partie occidentale de l’Europe centrale au Moyen Âge3. Les objets ont été documentés – également à la demande du tsar – par une série de dessins et d’aquarelles les reproduisant fidèlement et sous différents angles. Ce fait se révèle être une grande chance, car les objets eux-mêmes furent perdus, que ce soit dans l’incendie du cabinet d’art le 5 décembre 1747, ou dès 1728, dans le naufrage du navire transportant les biens de Messerschmidt4.

Cela vaut aussi pour quatre vases à verser figurés, récipients destinés au lavage rituel des mains que l’on désigne aujourd’hui du terme conventionnel d’aquamanile5, lesquels ont été identifiés comme étant des bronzes d’Hildesheim datant du xiiie siècle. Ils ont suscité dès le xviiie siècle un vif intérêt scientifique, et même les premières études sur ce type d’objet. Les questions qu’ils posent aujourd’hui concernent les lieux de leur découverte, remarquablement éloignés du centre de production, ainsi que les voies et les motifs de leur « migration ». Ces objets sont des sources singulières pour l’histoire socioculturelle des relations entre Europe centrale et Europe orientale, et plus encore : ils se prêtent tout particulièrement à une double approche par l’archéologie et par l’histoire de l’art, qui permet une nouvelle interprétation et tout simplement de les comprendre. Considérés avec d’autres aquamaniles exhumés dans la partie orientale de l’Europe centrale, ils rendent possible une archéologie économique des dynamiques de production pour l’exportation, de distribution et de consommation ou utilisation de ces objets dans différents contextes au xiiie siècle.

La documentation visuelle à Saint-Pétersbourg et à Paris et les objets représentés

Parmi les aquarelles et dessins apparemment réalisés en premier pour l’inventaire et pour la mise en chantier d’un atlas universel de la Kunstkamera de Saint-Pétersbourg6 se trouvent deux feuilles qui relèvent en outre du recueil général Sibiria perlustrata conçu par Messerschmidt en 1727. Elles donnent à voir un bronze aujourd’hui disparu, de trois quarts respectivement de face et de dos, ayant l’aspect d’un homme tenant dans sa main une figurine de lion7. Si la représentation de face (fig. 1) donne une impression très plastique, grâce aux multiples détails et à un ombrage subtil, la deuxième feuille se concentre sur la reproduction des contours du corps et n’a, semble-t-il, pas été achevée. Des traits gommés et des corrections de proportions témoignent non seulement d’un dessin sur le motif, mais aussi de l’ambition d’une représentation aussi objective que possible, laquelle documente précisément l’état de conservation avec la main gauche amputée et le clapet manquant de l’ouver­ture de remplissage. Le récipient est également mentionné dans la liste8, mais les notes du journal de Messerschmidt, si consciencieuses par ailleurs, n’indiquent pas clairement son acquisition, sans doute faite en 17219. L’inventaire du cabinet d’art, vingt ans plus tard, précise le contexte d’utilisation de l’objet : « pour le lavage des mains10 ». Cette indication est remarquable dans la mesure où l’étude des aquamaniles ne commença qu’un siècle plus tard, faisant seulement dès lors bien connaître leur usage11.

1. Aquamanile à forme humaine, vue frontale, années 1720-1730, crayon et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 375).

1. Aquamanile à forme humaine, vue frontale, années 1720-1730, crayon et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 375).

© Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

En imaginant l’objet à partir du dessin, on reconstitue une figure d’homme en ronde bosse, un genou posé à terre, vêtu d’un habit richement détaillé, au visage finement modelé avec de grands yeux surmontés de sourcils froncés et des pommettes accentuées. Le personnage tient de sa main droite levée une figurine de lion aux courtes pattes pendant mollement et à la gueule ouverte. Dès 1902, cette figure a été identifiée comme Héraclès ou une personnification de la force (Fortitudo) et rapprochée, pour sa forme et son style, des fonts baptismaux de la cathédrale d’Hildesheim et notamment de l’une des figures porteuses de la cuve, qui représente le fleuve du paradis Phison12 (fig. 2). Cet objet ayant été réalisé à Hildesheim vers 1226, et comme d’autres éléments de comparaison indiquent cette ville, la figure dessinée a dû y être créée vers 1220-123013.

2. Fonts baptismaux avec personnification de Phison, vers 1226, bronze, 
170 × 96 cm, Hildesheim, cathédrale.

2. Fonts baptismaux avec personnification de Phison, vers 1226, bronze, 
170 × 96 cm, Hildesheim, cathédrale.

© Hildesheim, Dom und Dommuseum.

Le recueil général de Messerschmidt, Sibiria perlustrata, révèle un autre aquamanile non conservé. À la date du 25 juin 1720, peu avant son départ de Tobolsk pour Isetskoe, il mentionne une « représentation de héros à cheval, en bronze coulé, creux, qui pourrait aussi avoir eu la fonction d’encensoir14 ». Le dessin correspondant, non signé, à l’encre de Chine et à l’aquarelle (fig. 3), donne à voir de trois quarts un cheval trapu monté par un cavalier dont l’armure richement décorée est habilement représentée. Le rendu de son état de conservation indique qu’il s’agit d’un objet tridimensionnel : la tête du chevalier est en grande partie perdue, sa main droite tendue vers l’arrière est mutilée, une fixation pour le bouclier, qui est absent, est clairement représentée. Un court tuyau de versage est par ailleurs vaguement suggéré dans la bouche du cheval, tandis que l’ouverture de remplissage se trouvait sur la tête du cavalier, ce qui ne laisse aucun doute sur la fonction initiale d’aquamanile. L’analyse des formes et du style ainsi que la comparaison avec d’autres chevaliers-aquamaniles et avec les fonts baptismaux d’Hildesheim permettent de déterminer que cet objet aussi y fut créé vers 1220-123015.

3. Aquamanile en forme de chevalier, années 1720-1730, encre de Chine et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 50).

3. Aquamanile en forme de chevalier, années 1720-1730, encre de Chine et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 50).

© Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

Un autre aquamanile avec chevalier est représenté, cette fois en lavis, dans les années 1730 par Grigory Anikievich Kachalov (1711/1712-1759), qui montre de profil un cheval trapu monté par un cavalier aux proportions exagérées et à la main droite levée16 (fig. 4). Par rapport au dessin de chevalier du recueil général de Messerschmidt, le peintre a réduit les détails ornementaux et s’efforce par de fines ombres de rendre la plasticité. L’ouverture de remplissage rectangulaire sur la tête du chevalier, le vide dans sa main levée, la queue manquante du cheval et ses sabots visiblement très usés indiquent un objet mobilier, et les caractéristiques formelles de cet aquamanile, un autre bronze d’Hildesheim17. Seule l’armure en écrevisse (composée de plaques articulées), dont le type n’est apparu que vers la fin du xiiie siècle, permet de suggérer une datation plus tardive.

4. Grigorij Anikeevič Kačalov, Aquamanile en forme de chevalier, années 1730, lavis sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 212).

4. Grigorij Anikeevič Kačalov, Aquamanile en forme de chevalier, années 1730, lavis sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 212).

© Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

Le même objet est reproduit dès 1724 dans le cinquième tome du Supplément au livre de l’Antiquité expliquée et représentée en figures de l’érudit français Bernard de Montfaucon (1655-1741) qui, ne connaissant pas sa fonction d’aquamanile, le mentionne comme « ayant servi autrefois de lampe18 » (fig. 5). On le reconnaît à des similitudes formelles, telles l’ouverture au sommet de la tête du cavalier, la main droite levée, les jambes tendues, l’armure en écrevisse et les doubles rênes. Pour autant, les représentations ne sauraient guère être plus différentes : le cheval a ici des proportions bien plus fines, les parties manquantes, tels ses sabots, ont été complétées, et l’ouverture de remplissage, ici de forme ronde, est plus clairement intégrée dans la coiffe du chevalier. De toute évidence, il s’agit d’une autre vision de l’objet, que l’on tenait pour provenant de l’Antiquité et dont, par conséquent, on s’est efforcé de rendre l’aspect antique. Si Montfaucon put prendre connaissance de cet objet, c’est grâce au conservateur du cabinet d’art, Johann Daniel Schumacher (1690-1761), qui apporta vraisemblablement à Paris dès 1721 des dessins des aquamaniles nouvellement découverts (mais pas ceux de Kachalov, réalisés plus tardivement)19. Dans l’année encore, la Gazette de France évoquait même explicitement les deux chevaliers en ces termes : « deux autres figures d’hommes à cheval, avec des armoiries de plaques semblables à celles que l’on portoit en Occident dans les douze & treizième siècle20 ».

5. Aquamanile en forme de chevalier, dessin publié dans Bernard de Montfaucon, Supplément au livre de l’Antiquité (voir n. 18), 1724, pl. LXXI.

5. Aquamanile en forme de chevalier, dessin publié dans Bernard de Montfaucon, Supplément au livre de l’Antiquité (voir n. 18), 1724, pl. LXXI.

© Bibliothèque numérique de l’Institut national d’histoire de l’art.

Pour finir, un quatrième aquamanile peut être reconnu à partir d’une aquarelle signée du peintre et graveur Philipp Georg Mattarnovi (1716-1742), datée du 25 octobre 173221. Elle représente une figure de centaure (fig. 6), de profil droit, qui tient dans ses mains tendues vers l’avant une cruche fermée par un couvercle. Un petit personnage se cambre sur son dos. Le souci de Mattarnovi de documenter un objet est manifeste dans le rendu de l’état de conservation, la queue du centaure étant brisée et ses pattes avant tordues, tandis que l’ouverture arrondie sur la tête, pour le remplissage, a perdu son clapet. L’ustensile que l’on identifie donc comme vase à verser comporte en outre, disposés sur chaque flanc au départ des pattes, deux médaillons gravés montrant des créatures hybrides ; ceux du côté gauche flottent librement devant le centaure. Bien que cet objet soit décrit, au verso de la feuille et dans l’inventaire de 1741 du Kunstkamera22, comme étant une lampe originaire de Scythie, les médaillons et le choix du motif du centaure avec la figure d’Esculape sur son dos indiquent que cet aquamanile également a été créé à Hildesheim dans les années 1220-123023.

6. Philipp Georg Mattarnovij, Aquamanile en forme de centaure, 1732, aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 249).

6. Philipp Georg Mattarnovij, Aquamanile en forme de centaure, 1732, aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 249).

© Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

Les illustrations réalisées pour le recueil de Messerschmidt dans les années 1720 et 1730 permettent ainsi de reconstituer quatre aquamaniles aujourd’hui disparus. Ces dessins, en général particulièrement détaillés, traduisent distinctement les formes, le style et les motifs caractéristiques des ateliers d’­Hildesheim, permettant d’attribuer cette origine aux objets. La note de la Gazette indique qu’on avait déjà reconnu il y a trois siècles, au moins pour les chevaliers, qu’il s’agissait d’une fabrication occidentale du Moyen Âge central. Mais on ne cherchait pas alors à savoir par quels chemins ni pourquoi ces ouvrages étaient parvenus en Sibérie.

Les aquamaniles d’Hildesheim à la lumière d’autres découvertes archéologiques

Le fait que des bronzes occidentaux aient été trouvés en Sibérie est déjà remarquable en soi, même si, malgré les informations par ailleurs très précises sur ces objets, la mention de leur exhumation « de tumuli » reste peu concrète, quand les indications quant à leur provenance ne manquent pas entièrement24. On s’étonne aussi que des aquamaniles, notamment d’Hildesheim, soient également relativement présents dans le sol de la partie orientale de l’Europe centrale25 : un être hybride à quatre têtes et un cheval ont été mis au jour près de Prague en 182026, un lion à tête de femme a été trouvé en Roumanie en 1832 et un centaure comparable à celui de Sibérie a été exhumé en 1860, lors de travaux de terrassement dans la campagne de Szentandrás, aujourd’hui Liptovský Ondrej en Slovaquie27. On a de même trouvé des vases à verser en forme de lion à Bartkuškis près de Vilnius, en Khevsourétie dans l’actuelle Géorgie et à Pereiaslav en Ukraine (fig. 7), un bélier et un fragment de cerf à Kiev, un chevalier à Kotchetok dans l’oblast de Kharkiv, un guépard en Estonie (aujourd’hui à Riga), ainsi que deux fragments d’une partie verseuse zoomorphe à Veliki Novgorod28.

7. Aquamanile en forme de lion, Hildesheim, début du xiiie siècle, bronze, Pereiaslav, Archeologichny muzei (Musée archéologique).

7. Aquamanile en forme de lion, Hildesheim, début du xiiie siècle, bronze, Pereiaslav, Archeologichny muzei (Musée archéologique).

© Joanna Olchawa.

Comme avec les dessins, l’attribution à Hildesheim a été déduite le plus souvent par comparaison critique formelle et stylistique avec les fonts baptismaux, sur lesquels on observe aussi une physionomie très détaillée et expressive des personnages, des ornements à chevrons et losanges, des poinçons réguliers et des rosaces à quatre points. Face à ces découvertes archéologiques d’aquamaniles en Europe de l’Est, celles dans l’Ouest du continent se limitent jusqu’à présent, toutes origines confondues, à cinq exemplaires exhumés en Scandinavie et, sur un périmètre recouvrant toute la France, la Suisse, l’Autriche et l’Italie, à un unique cerf29.

Les provenances d’autres types d’objets médiévaux en bronze, tels que chandeliers, pieds de croix et crucifix, sont par contraste moins faciles à établir30. Seuls les encensoirs permettent de conclure, d’après leurs lieux de découverte archéologique, à une double tendance : d’une part, la diffusion d’objets d’Hildesheim dans les villes côtières du Danemark, de Suède et de Norvège ; de l’autre, dans la partie orientale de l’Europe centrale, une préférence pour des artefacts italiens31. Pour le lavage rituel des mains, on utilisait principalement – outre les aquamaniles – des bassins de bronze gravés, dont 419 exemplaires entiers ou fragmentés ont été conservés et, parmi eux, 287 trouvés dans le sol32. On a découvert des bassins d’Hildesheim, pour autant qu’ils soient identifiables comme tels, sur la côte sud de la mer Baltique, dans la péninsule de Sambie, en Estonie, en Pologne centrale et dans la Rus’ de Kiev, mais aussi près de Jarovščina à proximité de Saint-Pétersbourg, dans le Vieux Riazan au sud-est de Moscou et même à Tomsk en Sibérie – à plus de cinq mille kilomètres de leur lieu d’origine33.

La diffusion et la demande d’objets provenant de lieux de production spécifiques – ou du moins de fabrication stylistiquement similaire – n’est toutefois pas une exception. Les objets émaillés conservés par centaines provenant principalement de Limoges, tels les crucifix, les appliques ou les crosses, furent aussi fabriqués en masse, à partir du xiie siècle et pour près de deux cents ans34. Si l’on considère leur répartition géographique uniquement à partir de ce qui a été trouvé dans le sol, on constate une concentration sur la Scandinavie et la partie orientale de l’Europe centrale (Pologne, République tchèque, Hongrie et Russie surtout), de même que pour les aquamaniles35.

Voies et motifs de la distribution

Christian Lübke a esquissé les voies et les motifs possibles de la diffusion des bronzes d’Hildesheim en considérant des liens ponctuels et essentiellement politiques, soit ceux du mariage, les délégations ou les conflits armés36. À propos des aquamaniles, il a conjecturé qu’ils furent d’abord exportés vers l’Europe de l’Est puis emportés en Sibérie à la suite de l’invasion des Mongols. On peut toutefois se demander si ces petits bronzes représentaient vraiment un intérêt lors de ces campagnes militaires, menées à partir de 1223 dans les régions russes puis vers 1240 en Petite-Pologne et Silésie, Hongrie, Transylvanie et Bulgarie37. Les fourrures étaient bien plus prisées38. Plus probablement, les conflits eurent pour conséquence l’enfouissement des bronzes39.

Il est frappant que les sites de découvertes d’aquamaniles dans la partie orientale de l’Europe centrale, s’ils sont plus concrètement identifiables, suivent le tracé des voies fluviales et terrestres du commerce à longue distance entre le Saint Empire romain germanique et les régions limitrophes à l’est, Pologne, Bohême et Rus’. Cela est moins surprenant dès lors que l’on considère documents écrits, monnaies et autres artefacts archéologiques40. Le règlement douanier de Raffelstetten, rédigé entre 902 et 906 à la demande du roi Louis IV de Franconie orientale pour régler des désaccords quant au trafic marchand dans la région du Danube, est une source écrite précoce particulièrement riche d’enseignements41. D’autres chartes, contrats et récits de voyage évoquent un commerce intense par voie terrestre entre Mayence, Ratisbonne, Prague, Cracovie, Przemyśl et Kiev puis, à partir du xie siècle, entre Ratisbonne, Esztergom, Przemyśl et Kiev42. Ce dernier centre était particulièrement réputé pour le commerce des produits de luxe43. Outre Novgorod la Grande, les marchands avaient pour destination, dans les territoires autour du fleuve Daugava, les villes de Polock, Vitebsk et Smolensk. La liste des témoins de la Charte de Smolensk, en 1229, atteste même d’un axe commercial direct partant de Dortmund, Soest, Munster, ou bien Groningue et Brême, et passant par Lübeck, l’île de Gotland et Riga, pour rejoindre Polock, Vitebsk et Smolensk44. Les relations d’Hildesheim avec la Russie se reflètent également dans le récit de translation des reliques de Gothard de Hildesheim en 1132, où sont mentionnés des voyageurs de Russie (perigrinantes de Ruzia)45, tandis qu’un Hugues de Hildesheim est cité en 1224 dans un acte de vente à Daugavgrīva (en allemand Dünamünde), près de Riga, plaque tournante du commerce vers la Russie46. Les aquamaniles d’Hildesheim, à travers leurs lieux de découverte à Prague et Kiev, sans doute aussi à Novgorod puis en Sibérie, ainsi que le long des voies terrestres et fluviales à travers la Pologne, la Hongrie et la Roumanie, mettent ainsi en évidence les grands réseaux de commerce et de communication à longue distance. Quant aux découvertes scandinaves, elles ne peuvent que renforcer l’hypothèse de routes maritimes empruntées par les prédécesseurs de l’association des marchands hanséatiques, originaires de Schleswig ou Lübeck et rejoignant le Nord par la mer Baltique.

À propos des conditions requises pour l’exportation et de l’histoire de la consommation

Les études historiques présentent souvent l’économie comme une unité faite de production, de distribution et de consommation. Cela vaut aussi pour l’archéologie économique, laquelle s’efforce de répertorier, représenter et expliquer l’activité économique à partir de vestiges matériels47. En référence à ces modèles, et après avoir traité de la distribution des aquamaniles, il vaut la peine de considérer leur production et leur consommation.

Le terme de production englobe tant la fabrication proprement dite que les conditions techniques et sociales l’ayant rendue possible. Celles-ci étaient particulièrement favorables à Hildesheim. Des ressources naturelles avantageuses, dont la proximité des gisements de cuivre de Rammelsberg, connus depuis le viie siècle avant J.-C., ont permis d’extraire, de réduire et de transformer les matières premières48. La technique de la fonte directe du bronze à la cire perdue était maîtrisée, ce dont témoignent des œuvres monumentales dès le xie siècle49. Au xiiie siècle, on observe une production de plus en plus massive de bronzes et en particulier de vases à verser, n’empêchant pas leur grande qualité d’exécution et l’important travail de finition sur des formes extrêmement complexes, parfois à plusieurs figures. On travaillait à partir de plusieurs moules pour former le noyau d’argile, ce que montre par exemple l’aquamanile en forme de centaure découvert à Szentandrás (Liptovský Ondrej en actuelle Slovaquie), conservé à Budapest, dont la face fut jointe à la chevelure sans y être ajustée50 (fig. 8). Un répertoire ornemental stable a pu être mis en évidence, généralement composé de bandes de poinçons sur les pattes, de quatre-feuilles, de rinceaux et de palmes. Ces moules et poinçons relèvent d’une part de processus pragmatiques, visant à réduire les efforts et le temps de travail, et permettent d’autre part de reconnaître immédiatement les productions d’Hildesheim, ce qui a pu être intentionnel. La quantité et les formes peu variables laissent supposer que cette production était destinée à une sorte de marché « anonyme ».

8. Aquamanile en forme de centaure, Hildesheim, vers 1220-1230, bronze, 42,5 × 38,5 cm, Budapest, Musée national hongrois.

8. Aquamanile en forme de centaure, Hildesheim, vers 1220-1230, bronze, 42,5 × 38,5 cm, Budapest, Musée national hongrois.

© Magyar Nemzeti Múzeum.

Quant à la consommation ou l’usage, nous ignorons si les aquamaniles étaient seulement utilisés en Orient pour le lavage des mains, comme ils l’étaient dans la partie occidentale, marquée par la culture latine, de l’Europe centrale. Leur fonction d’offrande funéraire en Sibérie, vraisemblablement plus tardive, suggère au moins une utilisation secondaire. Une autre perspective apparaît au regard des vases à verser figurés en forme d’aigle, d’oie ou de chevreuil fabriqués dès le haut Moyen Âge dans des régions sous domination sassanide ou abbasside et qui trouvèrent pour certains le chemin du nord. Leur production s’étant interrompue au début du xiiie siècle51, il est possible que les aquamaniles d’Hildesheim aient suscité un vif intérêt parmi les élites d’Europe centrale orientale et de Russie parce qu’ils étaient d’un genre connu, mais désormais introuvable.

Outre leur attribution par l’histoire de l’art à Hildesheim vers 1220-1230 et vers la fin du xiiie siècle, aucune information certaine n’est disponible quant aux aquamaniles représentés sur les dessins de Saint-Pétersbourg, et connus seulement ainsi. Ce n’est que dans une perspective archéologique générale, incluant les découvertes en Europe centrale orientale, et en mobilisant d’autres documents que l’on discerne leur fabrication en masse et que l’on reconnaît leur caractère de marchandise, pour un marché « libre » et « anonyme » sans commanditaires ni donateurs. De même que les émaux limousins, ces objets furent vraisemblablement exportés peu après leur production, principalement vers l’Est, par les voies existantes du commerce à longue distance. Quant à leur découverte en Sibérie au xviiie siècle, elle marque, vue d’aujourd’hui, le début de leur analyse scientifique, qui ne devait se développer en Occident que près d’un siècle plus tard52.

Traduction de l’allemand par Martine Sgard, avec le soutien du Centre allemand d’histoire de l’art – DFK Paris, proposée et relue par Philippe Cordez. Pour la version originale plus exhaustive de cette contribution, voir « Hildesheimer Bronzewerke des Hochmittelalters als Funde in Sibirien und Ostmitteleuropa. Ein Beitrag zur Wirtschaftsarchäologie », Zeitschrift für Ostmitteleuropa-Forschung 67/3, 2017, p. 324-353.

Notes

1 Marita Hübner, « Christliche Aufklärung und Staatsinteresse im Spiegel der Forschungsreise von Daniel Gottlieb Messerschmidt (1685-1735) nach Sibirien in den Jahren 1720-1727 », dans Erich Donnert (dir.), Europa in der Frühen Neuzeit. Festschrift für Günter Mühlpfordt zum 85. Geburtstag VII, Cologne et al., Böhlau, 2008, p. 697-712, ici p. 697. Retour au texte

2 Sa route est décrite dans Daniel Gottlieb Messerschmidt, Forschungsreise durch Sibirien 1720-1727, éd. Emanuel Winter et Nikolaj A. Figurovskij, Berlin, Akademie-Verlag, 1962-1977, 5 vol., surtout vol. I, annexe. Retour au texte

3 Dans ce qui suit, le terme « bronze » est employé comme terme générique pour les alliages de cuivre, car il est impossible de les distinguer à l’œil nu et nous ne disposons que rarement d’analyses de matériaux. Retour au texte

4 Voir M. Köhler, Russische Ethnographie und imperiale Politik im 18. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2012, p. 71. Retour au texte

5 Voir Joanna Olchawa, Aquamanilien. Genese, Verbreitung und Bedeutung in islamischen und christlichen Zeremonien, Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2019. Retour au texte

6 Musei Imperialis Petropolitani II, 1 : Catalogus operum arti­fi­ciosorum et rerum rariorum, Saint-Pétersbourg, Typus Academiae Scientiarum, 1741 ; voir Deborah J. Meijers, « The Paper Museum as a Genre: The Corpus of Drawings in St Petersburg within a European Perspective », dans Renée Kistemaker (dir.), The Paper Museum of the Academy of Sciences in St. Petersburg, c. 1725–1760: Introduction and Interpretation, Amsterdam, Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen, 2005, p. 19-54, ici. p. 33 et suiv. Retour au texte

7 Saint-Pétersbourg, Archiv Rossijskoj Akademii Nauk (ARAN [Archives de l’académie des sciences de Russie]), F 98, op. 1, D. 22 : Sibiria perlustrata… [La Sibérie traversée…], fos 375-376. Les feuilles sont annotées ; au recto : « Guttus aeneus symbolicus e tumulis sepulcralibus Sibiriae » et : « a) operculum super cardine, b) versatile, c) leonis simulacrum liquorem eructans, d) manus sinistra consulto amputata, e) anguis simulacrum ansae vicem gerens » (légende de chaque élément) ; au verso : « Guttus aeneus symbolicus ab aversa facie. » Sur le recueil : Werner Lehfeldt, « Daniel Gottlieb Messerschmidt, der erste Erforscher Sibiriens, und sein Werk Sibiria perlustrata », Jahrbuch der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen 2019, 2021, p. 69-97. Retour au texte

8 « Guttus aeneus Göticus Symbolicus vel hieroglyphicus, simulacrum exhibens heros in genua flexi, dextra Leonem tenentis, anguem dorso. Symbolum vi et Astu declaraturos, e tumulis sepulchralibus », Sibiria perlustrata, fo 14, no 106. Retour au texte

9 Sans doute le 4 avril 1721 à Tomsk : « Le 4 avril (mardi) Monsieur le docteur a acheté pour ¼ de rouble quelques petites idoles coulées en cuivre et en étain provenant de tumuli, parmi lesquelles un chameau coulé et des figures humaines. » Messerschmidt, Forschungsreise I, p. 86. Retour au texte

10 « Gastrum aeneum ad lauandas manus comparatum, specie hominis manu paruum leonis simulacrum sustinentis. » Musei Imperialis Petropolitani II, 1, p. 110, no 160. Retour au texte

11 Olchawa, Aquamanilien, p. 16-24. Retour au texte

12 I. I. Smirnov, « O bronzovom vodoletz zapadnoevropeiskoy raboty, najdennom v Char’kovskoj gubernii I o drugich podobnyhc nachodkach v predelach Rossii » [À propos d’un vase à verser d’Europe occidentale en bronze, trouvé dans le gouvernement de Kharkiv, et d’autres découvertes similaires sur le territoire de la Russie], Zapiski Imperatorskago Charkovskago Universiteta, 1902, p. 1-39, ici p. 14-19. Retour au texte

13 Pour les comparaisons stylistiques, voir Olchawa, Aquamanilien, p. 524-527. Retour au texte

14 « Simulacrum heroicum equestre ex aere fuso, concavum, quod thuribuli forsan vices praestare potuit antiquitus sui possessonibus idololatris. Erutum e tumulis sepulchralibus Sibiriae. Ejus icon Vid. in Litt. Relator. ad Ill. Facult. Medicam 4tis 25. Junÿ 1720. » Sibiria perlustrata, fo 13 (dépliable) ; voir l’indication « Statua equestris Europaeo armatu, e tumulo sepulchrali », dans Musei Imperialis Petropolitani II, 1, p. 112, no 189. Retour au texte

15 Voir Olchawa, Aquamanilien, p. 543-545. Retour au texte

16 ARAN, F IX, op. 4, no 212. Retour au texte

17 Natalya P. Kopaneva, « The Paper Museum: Its Aims and Uses », dans Kistemaker, The Paper Museum, p. 77-104, ici p. 84-85. Retour au texte

18 Bernard de Montfaucon, Supplément au livre de l’Antiquité expliquée et représentée en figures V, Paris, Delaulne, Foucault et al., 1724, p. 152-154, pl. LXXI. Retour au texte

19 Kopaneva, « The Paper Museum », p. 81. Retour au texte

20 Gazette de France, 18 oct. 1721, p. 510-511 ; voir Kopaneva, « The Paper Museum », p. 81. Retour au texte

21 ARAN, F IX, op. 4, no 249 ; au verso : « Mus. Petrop. Vol. II, pars I, p. 113. Scrin. XVIII. No 226 (III) – ‘Lychnis Scythicus ex aere, centaurum referens, superne corpore humano, inferiore ursino’. » Retour au texte

22 Voir Musei Imperialis Petropolitani II, 1, p. 113, no 226. Retour au texte

23 Voir Olchawa, Aquamanilien, p. 482. Retour au texte

24 Sur les restrictions méthodologiques : Ulrich Müller, Zwischen Gebrauch und Bedeutung. Studien zur Funktion von Sachkultur am Beispiel mittelalterlichen Handwaschgeschirrs…, Bonn, Habelt, 2006, p. 244. Retour au texte

25 Vladislav Petrovic Darkevič, Proizvedenija zapadnogo chudožestvennogo remesla v Vostočnoj Evrope (X-XIV vv.) [Œuvres de l’artisanat occidental en Europe de l’Est (x-xive siècle)], Moscou, Iskusstvo, 1966, f. 5-7 ; Joanna Olchawa, « Funde, Formen und Funktionen. Sozialgeschichtliche Überlegungen zu Bronzegeräten in und aus Ostmitteleuropa », Kunsttexte 2, 2014 [DOI : 10.48633/ksttx.2014.2]. Retour au texte

26 Pour les êtres hybrides, voir Prague, Musée national (H2-1960) ; voir Dusăn Foltýn, Jan Klípa et al. (dir.), Open the Gates of Paradise: The Benedictines in the Heart of Europe, cat. exp. (Prague, Národní galerie, 2014-2015), Prague, Národní galerie, 2014, p. 127, no VI.7 (D. Stehlíkova) ; pour le cheval, voir Prague, musée de l’Art et de l’Artisanat (4517) ; ibid., p. 127-128, no VI.8 (M. Stříbrný). Retour au texte

27 Budapest, Musée national hongrois (1855.41.1 et 1860.115) ; voir Zsuzsa Lovag, Mittelalterliche Bronzegegenstände des Ungarischen Nationalmuseums, Budapest, Magyar Nemzeti Múzeum, 1999, p. 77, no 187 et p. 76-77, no 186. Retour au texte

28 Pour les découvertes voir aussi Olchawa, « Funde ». Retour au texte

29 Copenhague, Musée national danois (D 795, D 333/1974, D 334/1974, DNM 9094) ; Oslo, musée de l’Université (no d’inv. non spécifié) ; sur le cerf des ruines du château de Scheidegg près de Bâle : Olchawa, Aquamanilien, p. 180. Retour au texte

30 Voir Otto von Falke et Erich Meyer, Romanische Leuchter und Gefäße. Gießgefäße der Gotik, Berlin, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, 1935 ; Peter Springer, Kreuzfüße. Ikonographie und Typologie eines hochmittelalterlichen Gerätes, Berlin, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, 1981 ; Peter Bloch, Romanische Bronzekruzifixe, Berlin, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, 1992. Sur les rares découvertes hongroises : Lovag, Mittelalterliche Bronzegegenstände, p. 64-73. Retour au texte

31 Hiltrud Westermann-Angerhausen, Mittelalterliche Weihrauch­fässer von 800 bis 1500, Petersberg, Imhof, 2014, p. 249, 191, 201 et 187. Retour au texte

32 Müller, Zwischen Gebrauch und Bedeutung, p. 91. Retour au texte

33 Ibid., p. 215, au sujet des bassins à Aldygan, oblast de Tomsk, champ funéraire ; Jarovščina, région de Saint-Pétersbourg ; Kurgan, Staraja Rjasan’, obl. Rjasan’, découverte d’établissement humain ; Togur, obl. Tomsk, découverte d’un trésor, no 243, 248, 259, 263 ; voir J. A. Jakovlev, « Europäische Bronzeschalen des 11.-13. Jh. aus Asien », Eurasia Antiqua 4, 1998, p. 473-482. Retour au texte

34 Voir Barbara Drake Boehm et Élisabeth Taburet-Delahaye (dir.), L’Œuvre de Limoges. Émaux limousins du Moyen Âge, cat. exp. (Paris, musée du Louvre, 1995-1996 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, 1996), Paris, RMN, 1995. Retour au texte

35 Elzbieta Dabrowska, « L’archéologie : témoin de la diffusion de l’œuvre de Limoges dans les principautés de l’ancienne Ruthénie – Rous’ », dans Élisabeth Antoine et Danielle Gaborit-Chopin (dir.), L’Œuvre de Limoges et sa diffusion. Trésors, objets, collections, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 43-53. Retour au texte

36 Christian Lübke, « Von Mitteldeutschland bis in die Transkaspi-Region. Bronzeguss als Zeugnis der Beziehungen zwischen Mittel- und Osteuropa », dans Michael Brandt (dir.), Bild und Bestie. Hildesheimer Bronzen der Stauferzeit, cat. exp. (Hildesheim, Dom-Museum, 2008), Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2008, p. 131-142 ; de manière générale, voir N. Ringstedt, « Artefact Diffusion: Exchange, Trade and Other Explanations », dans Göran Borenhult, Anders Carlsson et al. (dir.), Theoretical Approaches to Artefacts, Settlement and Society, Oxford, BAR Publishing, 1987, p. 469-477. Retour au texte

37 Ludwig Steindorff, « Der fremde Krieg. Die Heerzüge der Mongolen 1237-1242 im Spiegel der altrussischen und lateinischen Chronistik », dans Oliver Jens Schmitt (dir.), Südosteuropa. Von vormoderner Vielfalt und nationalstaatlicher Vereinheitlichung. Festschrift für Edgar Hösch, Munich, Oldenbourg, 2005, p. 93-118. Retour au texte

38 Dittmar Dahlmann, Sibirien. Vom 16. Jahrhundert bis zur Gegenwart, Paderborn et al., Schöningh, 2009, p. 40. Retour au texte

39 Lovag, Mittelalterliche Bronzegegenstände, p. 14. Retour au texte

40 Voir Christian Raffensperger, Kievan Rus’ in the Medieval World, Cambridge, Harvard University Press, 2012, p. 11 et suiv. Retour au texte

41 Voir Erich Zöllner, « Rugier oder Russen in der Raffelstetter Zollurkunde », Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung 60, 1952, p. 108-119 ; voir Lübke, « Von Mitteldeutschland bis in die Transkaspi-Region », p. 132. Retour au texte

42 Klaus Heller, Russische Wirtschafts- und Sozialgeschichte I : Die Kiever und die Moskauer Periode (9.-17. Jahrhundert), Darmstadt, Schöningh, 1987, p. 61. Retour au texte

43 Voir Michail Konstantinovič Karger, Drevnii Kiev. Očerki po istorii material’noi kul’tury drevnerusskogo goroda [Le vieux Kiew. Esquisses sur l’histoire de la culture matérielle d’une ville de l’ancienne Russie], Moscou / Léningrad, Izdatel’stvo Akademii nauk SSSR, 1958-1961, 2 vol. Retour au texte

44 Natalya V. Fedorova, « West Siberia and the World of Medieval Civilizations. History of Interaction on the Trade Routes », Archaeology, Ethnology and Anthropology of Eurasia 4/12, 2002, p. 91-101. Retour au texte

45 Georg Heinrich Pertz, « Translatio Godehardi episcopi Hildesheimensis », dans Historia aevi Salici, Hanovre, Hiersemann, 1856, p. 639-652, ici p. 647. Retour au texte

46 Enno Bünz, « Hugo von Hildesheim. Ein frühhansischer Fernhändler im Ostseeraum und der holsteinische Volksadel um 1200 », Hansische Geschichtsblätter 113, 1995, p. 7-26. Retour au texte

47 Tim Kerig, « Wirtschaft. Struktur und Leistung in frühen Gesellschaften », dans Manfred K. H. Eggert et Ulrich Veit (dir.), Theorie in der Archäologie. Zur jüngeren Diskussion in Deutschland, Munster, Waxmann, 2013, p. 139-190, ici p. 145. Retour au texte

48 Voir Christoph Bartels, Kupfer, Blei und Silber aus dem Goslarer Rammelsberg von den Anfängen bis 1620…, Bochum, Deutsches Bergbau-Museum, 2007. Retour au texte

49 Sur la colonne et les portes réalisées sous l’évêque Bernward de Hildesheim (993-1022) pour Saint-Michel et pour la cathédrale, voir Michael Brandt, Bernwards Säule, Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2009 ; id., Bernwards Tür, Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2010. Voir aussi Isabelle Marchesin, L’Arbre et la Colonne. La porte de bronze d’Hildesheim, Paris, Picard, 2017. Retour au texte

50 Olchawa, Aquamanilien, p. 479-482, no 129. Retour au texte

51 Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage : oie (KZ 5766), trouvée au Daghestan ; aigle (IR 1567), trouvé dans le Caucase. Sur les aquamaniles « islamiques » : ibid., p. 47-78. Retour au texte

52 Ibid., p. 16-24. Retour au texte

Illustrations

  • 1. Aquamanile à forme humaine, vue frontale, années 1720-1730, crayon et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 375).

    1. Aquamanile à forme humaine, vue frontale, années 1720-1730, crayon et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 375).

    © Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

  • 2. Fonts baptismaux avec personnification de Phison, vers 1226, bronze, 
170 × 96 cm, Hildesheim, cathédrale.

    2. Fonts baptismaux avec personnification de Phison, vers 1226, bronze, 
170 × 96 cm, Hildesheim, cathédrale.

    © Hildesheim, Dom und Dommuseum.

  • 3. Aquamanile en forme de chevalier, années 1720-1730, encre de Chine et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 50).

    3. Aquamanile en forme de chevalier, années 1720-1730, encre de Chine et aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F 98, op. 1, D. 22, pl. 50).

    © Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

  • 4. Grigorij Anikeevič Kačalov, Aquamanile en forme de chevalier, années 1730, lavis sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 212).

    4. Grigorij Anikeevič Kačalov, Aquamanile en forme de chevalier, années 1730, lavis sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 212).

    © Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

  • 5. Aquamanile en forme de chevalier, dessin publié dans Bernard de Montfaucon, Supplément au livre de l’Antiquité (voir n. 18), 1724, pl. LXXI.

    5. Aquamanile en forme de chevalier, dessin publié dans Bernard de Montfaucon, Supplément au livre de l’Antiquité (voir n. 18), 1724, pl. LXXI.

    © Bibliothèque numérique de l’Institut national d’histoire de l’art.

  • 6. Philipp Georg Mattarnovij, Aquamanile en forme de centaure, 1732, aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 249).

    6. Philipp Georg Mattarnovij, Aquamanile en forme de centaure, 1732, aquarelle sur papier, Saint-Pétersbourg, Archives de l’académie des sciences de Russie (F IX, op. 4, no 249).

    © Archiv Rossijskoj Akademii Nauk.

  • 7. Aquamanile en forme de lion, Hildesheim, début du xiiie siècle, bronze, Pereiaslav, Archeologichny muzei (Musée archéologique).

    7. Aquamanile en forme de lion, Hildesheim, début du xiiie siècle, bronze, Pereiaslav, Archeologichny muzei (Musée archéologique).

    © Joanna Olchawa.

  • 8. Aquamanile en forme de centaure, Hildesheim, vers 1220-1230, bronze, 42,5 × 38,5 cm, Budapest, Musée national hongrois.

    8. Aquamanile en forme de centaure, Hildesheim, vers 1220-1230, bronze, 42,5 × 38,5 cm, Budapest, Musée national hongrois.

    © Magyar Nemzeti Múzeum.

Citer cet article

Référence papier

Joanna Olchawa, « Les aquamaniles d’Hildesheim découverts en Europe de l’Est et en Sibérie », Histoire de l’art, 90 | 2022, 31-42.

Référence électronique

Joanna Olchawa, « Les aquamaniles d’Hildesheim découverts en Europe de l’Est et en Sibérie », Histoire de l’art [En ligne], 90 | 2022, mis en ligne le 01 décembre 2023, consulté le 21 mars 2025. URL : https://devisu.inha.fr/histoiredelart/264

Auteur

Joanna Olchawa

Joanna Olchawa est enseignante-chercheuse à la Goethe-Universität de Francfort-sur-le-Main. Spécialiste des bronzes médiévaux, elle est l’autrice d’une monographie sur les vases à verser figurés destinés au rituel du lavage des mains, de leur apparition dans la culture de cour sassanide et abbasside à leur production commerciale en Europe centrale aux xiie et xiiie siècles (Aquamanilien. Genese, Verbreitung und Bedeutung in islamischen und christlichen Zeremonien, Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2019). Ses recherches actuelles portent sur les chaires à prêcher en Europe vers 1500, sous l’angle de l’histoire sonore et de l’histoire de l’art multisensorielle.

Traducteur

Martine Sgard

Droits d'auteur

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